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Bujumbura, 23 mars 2015 (DWG) : Le Burundi vient de participer à la 7ème réunion du Groupe international de contact sur la République centrafricaine (GIC‐RCA), tenue à Brazzaville, le 16 mars 2015, sous la coprésidence de M. Basile Ikouebe, Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération de la République du Congo, et de l’Ambassadeur Smaïl Chergui, Commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’Union africaine (UA).

La délégation burundaise comprenait les personnalités suivantes :

 SE Laurent Kavakure, Ministre des relations extérieures et de la coopération internationale

 SE Pontien Gaciyubwenge, Ministre de la Défense et des Anciens combattants

 Le Général Emmanuel Miburo, Chef de Cabinet militaire à la résidence de la République

 Ambassadeur Augustin Nsanze, Conseiller principal chargé des questions politiques et diplomatiques à la Présidence de la République

 Faustin Ndayibishinguje, Conseiller à l’Ambassade du Burundi à Kinshasa

Il convient de noter que le Burundi est actuellement le premier pays contributeur de troupes en République Centrafricaine au niveau de la force onusienne MINUSCA. La réunion a recommandé notamment :

Les participants ont noté que la 7ème réunion du GIC-RCA s’est tenue à la veille d’échéances cruciales pour le processus de transition, qui nécessitent le renforcement de l’appropriation nationale, la prise des décisions politiques attendues et l’accélération du rythme de mise en œuvre de la Feuille de route de la transition, ainsi que la mobilisation d’importantes ressources financières. Il s’agit notamment du Forum prévu à Bangui, en avril 2015, du programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion et de la réforme du secteur de la sécurité, ainsi que des élections législatives et présidentielle qui marqueront la fin de la transition.
Les participants ont examiné l’évolution de la situation en RCA depuis la 6ème réunion du GIC-RCA, tenue à Bangui, le 11 novembre 2014, sur la base des communications faites par le Premier ministre de la RCA et des membres de sa délégation, les Représentants spéciaux en RCA de l’UA, des Nations unies et de la CEEAC et le représentant de la Banque mondiale, et ce au nom du Groupe de coordination pour la préparation et le suivi des réunions du GIC-RCA (G8-RCA), ainsi que des échanges qui ont suivi.
Concernant les aspects politique et sécuritaire

Les participants ont noté avec satisfaction la poursuite du processus politique engagé à Brazzaville avec la signature de l’Accord de cessation des hostilités du 23 juillet 2014. À cet égard, ils ont relevé que les consultations à la base se sont déroulées sur l’ensemble du territoire centrafricain, ainsi que dans les pays limitrophes qui abritent des sites de refugiés centrafricains, avec la participation active des populations concernées. Les participants se sont félicités du caractère inclusif et représentatif qui a marqué la conduite de ces consultations populaires.
Les participants ont salué l’engagement des autorités de la transition à faire aboutir le processus de transition. Ils ont pris note de la mise en place de la Commission préparatoire du Forum national de Bangui, prévu en avril 2015, et du soutien technique et financier apporté par la MINUSCA, les Nations unies, la CEEAC et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), ainsi que par d’autres acteurs. Ils ont exhorté la Commission préparatoire à promouvoir une participation aussi inclusive que possible au Forum, pris note du rapport à mi-parcours qu’elle a élaboré et salué le travail accompli à ce jour dans la préparation du Forum, dont le rôle est crucial en vue de la promotion de la réconciliation nationale. De même, les participants ont exhorté les autorités de la transition à persévérer dans leurs efforts visant à promouvoir la bonne gouvernance ainsi que la réconciliation nationale, sans sacrifier la recherche de la vérité sur les crimes passés et la lutte contre l’impunité.
Les participants ont reconnu l’importance de concentrer les efforts autour du processus politique engagé le 23 juillet 2014 à Brazzaville, qui doit se poursuivre avec la signature d’un accord sur le désarmement des groupes armés et la tenue du Forum de Bangui. À cet égard, ils ont rappelé les dispositions pertinentes du communiqué de la CEEAC du 31 janvier 2015 et la volonté des populations centrafricaines de voir le processus politique se dérouler en terre centrafricaine et, partant, d’éviter toute initiative parallèle en dehors de la RCA. Ils ont lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte l’appui financier nécessaire pour la tenue du Forum.
Les participants ont noté que la situation sécuritaire dans son ensemble enregistre une nette amélioration, relevant que les efforts déployés par les Forces internationales sur l’ensemble du territoire centrafricain ont contribué à réduire les confrontations directes entre les groupes armés et les exactions sur les populations civiles. Ils ont salué l’intervention des Forces internationales dans la ville de Bria, qui a permis le retour sous le contrôle de l’État centrafricain des bâtiments administratifs qui étaient illégalement occupés par les groupes armés. Ils ont noté que cette intervention a lancé un signal fort en direction des groupes armés dans les autres Préfectures, les amenant à finalement évacuer les bâtiments administratifs qu’ils occupaient.
Les participants ont cependant déploré la persistance d’actes de banditisme, notamment l’enlèvement de personnels d‘organisations internationales et non-gouvernementales, ainsi que celui d’un membre du Gouvernement de transition, et ce consécutivement à l’arrestation d’un dirigeant anti-balaka. Ils ont fermement condamné ces actes de violence et ont encouragé la MINUSCA, dans le cadre de son mandat, à prendre toutes les mesures jugées nécessaires en vue de la protection effective de la population civile et de la restauration définitive de la sécurité. Ils ont mis en garde les fauteurs de troubles, et souligné que ces derniers seront tenus responsables de leurs actes, conformément au régime de sanctions prévues par les résolutions 2127 (2013), 2134 (2014) et 2149 (2014) du Conseil de sécurité, ainsi qu’aux communiqués pertinents du CPS de l’UA. Ils ont exhorté les autorités centrafricaines à traduire devant les juridictions nationales et internationales compétentes les auteurs de ces actes.
Sur les aspects humanitaires

Les participants ont exprimé leur préoccupation face aux déplacements internes provoqués par les violences enregistrées au nord-est du pays. Ils ont, par contre, noté une baisse du nombre des déplacés internes à Bangui. Ils ont exprimé leur satisfaction pour les efforts déployés par les acteurs humanitaires, et ont réitéré leur appréciation aux pays voisins qui accueillent encore environ 420 000 réfugiés centrafricains. Ils ont lancé un appel aux groupes armés pour qu’ils cessent les violences contre les humanitaires et les civils, et n’entravent pas l’accès des humanitaires aux populations civiles, dans le respect du droit international humanitaire.
Sur le processus électoral

Les participants ont pris acte de la décision du Médiateur international dans la crise centrafricaine, le Président Denis Sassou Nguesso, de proroger la transition de six mois, jusqu’au 15 août 2015, et ce conformément à l’article 102 de la Charte constitutionnelle de transition et aux recommandations pertinentes de la 6ème réunion du GIC-RCA.
Les participants ont demandé aux autorités de la transition, ainsi qu’à l’Autorité nationale des Élections (ANE), de prendre d’urgence les dispositions politiques, juridiques, financières et matérielles nécessaires pour accélérer le processus électoral et faciliter la tenue, avant août 2015 au plus tard, d’élections libres, transparentes et crédibles qui marqueront la fin de la transition.
Les participants se sont félicités de la mise en place du projet du Programme d’appui au cycle électoral centrafricain (PACEC), signé le 25 novembre 2014, instituant un Fonds fiduciaire (Basket Fund), afin de permettre la mobilisation de ressources à hauteur de 44 millions de dollars. Ils se sont, par ailleurs, réjouis des contributions déjà faites, et ont demandé à tous ceux qui ont fait des promesses de contributions d’honorer leurs engagements pour combler le déficit de 18 millions de dollars identifié à ce jour. Ils ont également lancé un appel à d’autres partenaires internationaux pour qu’ils contribuent au financement du processus électoral. Dans ce contexte, ils ont salué la décision de l’Union européenne (UE) de procéder au décaissement par tranches de la somme de 20 millions d’euros – dont 8 millions ont déjà été versés – allouée au processus électoral, pour le lancement des opérations y relatives. Ils se sont également félicités de l’annonce faite par l’UA sur le décaissement, dans les toutes prochaines semaines, d’une première contribution de 500 000 dollars américains en appui au processus électoral.
Sur la situation économique et financière

Les participants ont pris note de l’amélioration de la situation économique et financière imputable au retour progressif de la sécurité à Bangui, auquel les Forces internationales, à savoir l’Opération EUFOR-RCA et l’Opération Sangaris, ont contribué, ainsi qu’à la sécurisation du corridor Douala-Bangui. Ils ont cependant noté que la destruction de l’appareil productif a encore un impact négatif sur les recettes de l’État et la croissance économique.
Les participants ont appelé les autorités de la transition à mettre en œuvre les réformes relatives à la gestion des finances publiques, y compris la mise en place d’une Agence comptable centrale du Trésor et l’adoption de mesures propres à juguler la fraude fiscale et douanière, à réinstaller les régies financières à l’intérieur du pays au fur et à mesure que l’autorité de l’État est restaurée, ainsi qu’à redynamiser le Cadre permanent de concertation (CPC) entre les secteurs public et privé, en vue d’améliorer progressivement le climat des affaires. Les participants ont lancé un appel pressant aux partenaires internationaux pour fournir un appui budgétaire supplémentaire qui permettrait de combler le déficit actuel. Ils se sont félicités des dispositions qui sont en train d’être prises par l’UE, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque africaine de développement (BAD), en vue de la mise à disposition d’un appui budgétaire supplémentaire.
Sur le programme de désarmement, démobilisation et de réinsertion

Les participants ont salué l’engagement de la MINUSCA à appuyer les autorités de la transition pour élaborer une stratégie nationale de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR) basée sur une approche communautaire, afin de rompre avec les processus DDR du passé et d’assurer la participation active de la population. Ils ont exhorté les autorités de la transition à définir rapidement cette nouvelle approche, qui devra s’inscrire dans un cadre global de relance du développement, être étroitement liée à la réforme du secteur de la sécurité et promouvoir des solutions durables pour la sortie de crise en RCA. Dans ce cadre, les participants ont salué le lancement de la Mission de conseil militaire de l’UE en République centrafricaine (EUMAM RCA).
Les participants ont exprimé leur préoccupation face au retard accusé dans la mobilisation des fonds nécessaires pour le regroupement des combattants des différents groupes armés – opération indispensable pour le retour progressif de la stabilité dans le pays, ainsi que pour le désarmement, la démobilisation et, plus spécialement, les programmes de réintégration communautaire et ceux de réduction de la violence communautaire (RVC), qui exigent des moyens importants et dont la mise en œuvre garantira la durabilité des résultats enregistrés. Ils ont lancé un appel à la communauté internationale pour la mobilisation d’au moins 20 millions de dollars.
Les participants ont salué les initiatives déjà entreprises par la MINUSCA dans le cadre des programmes pré-DDR, et ce par le lancement de projets communautaires à petite échelle impliquant les combattants et les communautés locales, contribuant ainsi à jeter les bases de la sécurisation et de la stabilisation au niveau communautaire. Ils ont lancé un appel pour la mobilisation de 3 millions de dollars américains pour le regroupement de 5 000 combattants pour une période de 6 mois dans le cadre de la mise en œuvre de l’article 4 de l’Accord de cessation des hostilités de Brazzaville.
Sur le suivi des Conclusions de la réunion du GIC-RCA

Les participants ont demandé à la Médiation internationale, avec l’appui du G8-RCA, d’assurer le suivi des dispositions pertinentes des présentes Conclusions, en particulier en ce qui concerne le parachèvement du processus lancé à Brazzaville, avec l’organisation du Forum de Bangui, l’élaboration de la nouvelle Constitution et la tenue des élections.
Les participants se sont réjouis de l’initiative de l’UE d’organiser une conférence de mobilisation de nouveaux donateurs autour du Fonds Bekou, le 24 avril prochain, à Bruxelles.
AMBASSADE DU BURUNDI A KINSHASA