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Les chrétiens catholiques du Burundi n’ont pas pu suivre dimanche passé la messe retransmise habituellement depuis la cathédrale Regina Mundi de Bujumbura. Et les spéculations commencent à s’amplifier et sur NetPress par exemple, il est rappelé que c’est la deuxième fois dans l’histoire que la messe catholique n’est pas retransmise. Une façon de faire comprendre que le gouvernement aurait pris une mesure de rétorsion envers l’Église Catholique du fait sa position contre un éventuel mandat du président Nkurunziza. NetPress compare ainsi l’interruption avec ce qui est arrivé du temps du règne de Bagaza sur le déclin.

Qu’en est-il au juste? Il y a quelques semaines, ONATEL a mis la cathédrale en demeure de régler les arriérés très importants liés au service de retransmission de la messe. Comme la cathédrale ne réagissait pas, ONATEL a mis les menaces à exécution et a suspendu ses services. Il y a eu des messages de protestation et d’indignation des fidèles de l’Église catholique et ONATEL est revenu sur sa décision en donnant un moratoire pour un règlement du litige à l’amiable. Le délai accordé pour qu’un accord soit trouvé a été épuisé sans que la cathédrale ne se bouge.

ONATEL s’est retrouvé dans un dilemme: continuer à fournir des services à un client trop endetté et qui ne montre aucune volonté de payer ou arrêter le service jusqu’à ce qu’il y ait un début de paiement. ONATEL a opté pour l’interruption du service en invitant les autorités de la cathédrale à engager des négociations. Et si le moment était mal choisi et que l’église se moque ici des chantages et des folies de grandeur?

Avant que les autorités de la cathédrale ne réagissent, les détracteurs du régime de Bujumbura ont saisi l’aubaine pour accuser le gouvernement de s’en prendre à l’église catholique pour des motifs politiques. Et le parallélisme est vite établi avec ce qui s’est passé du temps de Bagaza. Comme les détracteurs du régime dominent le paysage médiatique, l’opinion est vite menée en bateau et le gouvernement est ainsi diabolisé.

Mais alors, puisque ces arriérés étaient tolérés depuis des années, était-il opportun de sévir maintenant au risque d’ouvrir un front de tension dans cette période délicate des élections? Et si sous pression de l’opinion et des partenaires, ONATEL reculait sans moindre contrepartie, cette décision n’aurait-elle pas été plus maladroite comme celle d’emprisonner Rugurika?