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C’est demain que débarque à Bujumbura tous les membres du conseil de sécurité de l’ONU. Ils sont attendus à l’aéroport international (Melchior Ndadaye) de Bujumbura aux environs de neuf heures du matin!
Les hommes d’influence mondiale qui arrivent à Bujumbura vont trouver un contexte de fièvre électorale, du moins du côté des opposants sans assise populaire et des responsables de la société civile hostiles au régime.

Ils débarquent au moment où l’Union Africaine fait entendre sa voix discordante sur le droit des Burundais à élire en toute indépendance et dans le respect de la constitution en vigueur. Ils sont déjà informés de la position prise hier par le conseil des ministres des affaires étrangères des pays membres de la Conférence Internationale sur la région des Grands Lacs sur le Burundi (qui a été rendu publique à Luanda hier). Nous aurons bien entendu quelques échos de leurs impressions lors de la conférence de presse prévue aux environs de 17 heures.

Dans une journée marathon, le Burundi va retenir l’attention et l’haleine du monde entier, mais la majorité des Burundais, en spectateurs, seront tout simplement aux aguets des nouvelles. Ceux qui empruntent la route de l’aéroport ou de Gatumba, tenez compte des heures de passage des cortèges et des déviations que la police pourrait imposer.

Quand on parle du conseil de sécurité de l’ONU, un nom émerge du lot: Samanta Power! C’est la représentante permanente des USA auprès de l’ONU. Elle était récemment au Burundi pour rencontrer le président Nkurunziza. Elle revient à ses amours burundaises: puisque ce pays la tient énormément à cœur! Tout ce qui touche le Burundi l’affecte plus ou moins personnellement. Merci madame, on t’aime du même amour! Bienvenue chez nous!

Samanta Power revient à Bujumbura mais ce n’est pas elle le chef de délégation. C’est l’occasion de lui dire de faire amples connaissance. Car il y a des réalités du Burundi qu’elle ignore. Et en une journée, elle peut beaucoup apprendre et s’améliorer dans son combat pour nous, pauvres hères du pays des milles et une colline! Je dirais à mon ministre de glisser ces mots sur les Burundais: un peuple qui a trop souffert, qui renaît de ses cendres, un peuple accueillant, chaleureux, digne et courageux. Et si elle rétorque que nous sommes naïfs, mon ministre saura quoi répondre!
Mais Samanta n’est pas le chef de la délégation! C’est l’ambassadeur de France auprès de l’ONU, François Delattre qui sera le chef d’orchestre. Entre francophones et si vous voulez nostalgiques du pré-carré français, on doit pouvoir s’entendre! N’Est-ce pas? D’ailleurs, l’Angola qui assure la vice-présidence du conseil nous porte déjà dans son coeur! Ce vendredi 13, pas de nuages! Inchallah.

Disons que je souhaite que l’ambassadeur de France à New York ait le même charisme que Dominique De Villepin qui, au grand dam des USA et de la Grande-Bretagne, s’est prononcé contre l’invasion de l’Irak de Saddam Hussein. Il a été très applaudi et les Américains payent encore pour n’avoir pas écouté les conseils d’un fin diplomate et humaniste. Au moment où les détracteurs de Nkurunziza souhaitent qu’il quitte le pouvoir dans le même bain de sang que celui qui a suivi Habyarimana ou Ndadaye, il faut souhaiter que ces diplomates plaident en faveur de l’apaisement des esprits et du respect des institutions encore en place.

C’est demain qu’est attendu le rapport de la commission d’enquête sur les accusations d’exécutions sommaires à Cibitoke. Ce serait une occasion en or de montrer que les Burundais ont horreur de l’impunité. Je suis d’avis que cette commission a pu mettre des noms et des responsabilités sur ces fous à lier qui ont vu Aaron vivant et l’ont expédié froidement vers l’au-delà. La qualité du travail de cette commission permettra de décliner magistralement les offres d’enquêtes additionnelles sur l’attaque armée où les assaillants bénéficient de toutes les sympathies du monde puissant!

C’est demain que commence la neuvaine des prières pour l’alternance pacifique à la tête de l’Etat. J’aime prier pour la paix. Ce vendredi 13 est donc spécial. Sous les auspices de l’Esprit Saint? Ce n’est plus seulement le chemin de croix mais des litanies pour amadouer le bon Dieu et ses saints anges. Et nous aurons la fumée blanche avec le départ de Nkurunziza? Et si l’alternance pacifique le ramenait comme l’élu du peuple? Vox populi, vox Dei?
Il est vrai ce n’est pas moi qui donne les noms aux rues ou aux infrastructures publiques. D’ailleurs je trouve que ceux qui le font sont loin d’être assez bien inspirés. Nous avons assez de martyrs qui prêteraient volontiers leurs noms à des rues, boulevards ou avenues. Pourquoi pas?

A la veille de ce vendredi 13, je suis mal parce que Ndadaye a été contraint de se retourner dans sa tombe par un imposteur qui, toute honte bue, prétend se préparer à solliciter nos suffrages. S’il veut imiter Ngeze François, il s’en mordra les doigts! Les temps ont changé.

Le président Ndadaye était un rassembleur et un visionnaire. Et si l’aéroport de Bujumbura portait son nom? Nous avons l’aéroport Oliver Tambo de Johannesburg, Sédar Senghor de Dakar, Charles de Gaulle à Pari, Kennedy à New York. Et pourquoi pas Ndadaye à Bujumbura? Il y en a qui vont protester, crier au scandale et menacer de ne plus prendre l’avion à partir de Bujumbura. Il en fut de même quand le billet de dix mille francs a été frappé à son effigie. Il y en a qui ont menacé de ne pas le mettre dans leur porte-monnaie! Où est passée leur rage? “Sur les ailes du temps, s’envole la tristesse”! Soyons vigilants, et conciliants.