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Excellence Monsieur le Président du Conseil de Sécurité des Nations Unies
Excellences Mesdames, Messieurs les Membres du Conseil de Sécurité
Distingués délégués et chers collègues,

1. Comme c’est la première fois que je prends la parole sous votre présidence, permettez-moi tout d’abord de vous féliciter vous personnellement et votre pays pour votre accession à la présidence de ce prestigieux Conseil pour le mois de janvier 2015. Soyez rassuré, Monsieur le Président, de l’entière coopération de la délégation burundaise durant votre mandat.

2. Permettez-moi également avant d’entrer dans le vif du sujet qui nous réunit ce matin de vous remercier pour avoir convoqué cette importante séance consacrée au dernier rapport S/2015/36 sur le Bureau des Nations Unies au Burundi (BNUB).

3. Nous remercions aussi Monsieur Jeffrey Feltman, Secrétaire Général Adjoint aux Affaires politiques pour son briefing riche d’information et son intérêt particulier sur notre pays le Burundi. Nous gardons encore en mémoire son message fort et constructif qu’il a lancé lors de sa dernière visite au Burundi à la mi-décembre et ses sages conseils lors de l’audience avec le Président le République le 12 décembre 2014 peu après les cérémonies de descente du drapeau de l’ancien BNUB.

4. C’est aussi le moment privilégié de remercier Monsieur Parfait Onanga Anyanga, ancien Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies au Burundi pour l’excellent travail qu’il a accompli depuis qu’il était en poste à Bujumbura. Nous lui sommes particulièrement très reconnaissants pour avoir clôturé en beauté le travail titanesque qu’il a accompli en si peu de temps dans mon pays le Burundi.

5. Je m’en voudrais de ne pas exprimer mes sentiments de gratitude à l’Ambassadeur Paul Seger, Président de la configuration Burundi de la Commission de Consolidation de la paix pour sa franche collaboration avec notre Gouvernement et notre mission ici à New York et pour tous les efforts consentis dans le cadre de la consolidation de la paix dans mon pays.

6. Monsieur le Président, mon intervention sera articulée principalement sur quatre axes de communication, à savoir le processus électoral en cours en vue des élections générales de 2015, un mot sur la table ronde de suivi de la Conférence de Genève sur le Burundi tenue à mi-décembre 2014 à Bujumbura et un tour d’horizon sur la situation sécuritaire. Tout naturellement nous ferons également quelques commentaires d’ordre général sur le rapport soumis à votre appréciation cet avant-midi.

7. Monsieur le Président, comme vous le savez déjà, l’année 2015 est celle des élections générales au Burundi. Et comme partout ailleurs, le Gouvernement a pris le soin de confier ce grand rendez-vous à la Commission Electorale Nationale Indépendante mise en place par voie consensuelle.

8. Le processus préparatoire est donc en marche et une des étapes importantes vient d’être franchie avec le bouclage de l’opération d’enrôlement des électeurs sur tout le territoire national et dans les ambassades du Burundi à l’étranger. L’opération s’est globalement bien déroulée malgré quelques cas isolés d’irrégularités d’ordre logistique constatées dans certains endroits mais qui ne sont pas de nature à remettre en cause toute l’opération.

9. Comme le présent rapport le recommande au paragraphe 63, le Gouvernement s’est engagé à faire tout ce qui est en son pouvoir pour que les élections de 2015 soient libres, démocratiques, inclusives, transparentes et se déroulent dans la paix et la tranquillité.

10. Le code électoral, le Code de bonne conduite et la Feuille de route qui ont été mis en place sur une base consensuelle sont, de notre point de vue, des outils indispensables pour la conduite des élections à bonne fin. Le Secrétaire général à travers ce rapport à son paragraphe 65, reste convaincu que ces instruments adoptés par consensus sont primordiaux pour la suite du processus. Nous partageons avec lui cette observation.

11. Vous aurez entendu ci et là dans certains milieux politiques et de la société civile, des accusations sur une prétendue préparation du truquage des élections. Le présent rapport en a fait allusion en rapportant au paragraphe 15 les inquiétudes non fondées d’une partie de l’opposition à ce sujet. Je dois dire ici que juste après ces accusations basées sur des cas isolés et mineurs, nous avons aussitôt lancé, le Gouvernement et la CENI, des messages d’apaisement pour appeler les politiciens burundais, la société civile et les médias à adopter un langage responsable et un comportement qui respecte les principes de démocratie et de tolérance ; un comportement qui tient compte du niveau de culture politique de notre population ; en ayant à l’esprit que le Burundi est une jeune démocratie qui se recherche encore et que la qualité du processus électoral dépend en partie de l’expérience progressivement accumulée depuis les élections de 2005.

12. Dans la réunion du 22 décembre 2014 entre la CENI et les parties prenantes au processus électoral sur l’évaluation de l’enrôlement des électeurs, les participants ont eu l’opportunité de partager des réflexions sur les solutions techniques et politiques qui vont aider la CENI à faire le toilettage du fichier électoral provisoire. A ce sujet, nous avons instauré un débat régulier et ouvert sur toutes les questions qui se poseraient. Etant les champions du dialogue depuis les accords d’Arusha, nous n’allons pas nous y dérober. D’ailleurs, le présent rapport reconnait au paragraphe 64 la ferme volonté du Gouvernement du Burundi de maintenir le dialogue franc et permanent à ce sujet.

13. Nous voudrions saisir cette opportunité pour exprimer de nouveau la gratitude du Gouvernement burundais à tous ses partenaires qui ont déjà apporté leurs appuis financiers et matériels à notre processus électoral, le dernier en date à signer la convention de financement pour appuyer le processus en cours étant l’Union Européenne avec un montant de 8 millions d’Euros. Nous invitons ceux qui souhaiteraient faire de même à agir dès demain.

14. Aussi, nous apprécions hautement les pays et organisations internationales qui ont accepté d’envoyer des missions d’observation électorale avant, pendant et après les élections afin de couper court avec toute spéculation politicienne comme celle que nous avons vécue en 2010 avec le boycott injustifié de certains partis politiques. Nous espérons qu’ils ne vont pas commettre la même erreur cette année car la politique de la chaise vide ne profite à personne. Même sans assise populaire, il faut faire partie du jeu.

15. Nous saluons à cet effet la nomination du Chef de la Mission d’Observation Electorale des Nations Unies au Burundi, Monsieur Cassam Uteem et nous lui souhaitons un succès retentissant dans ses nouvelles fonctions. Il peut toujours compter sur la coopération de mon Gouvernement à cet effet. L’accord SOMA sur le personnel de la MENUB vient d’être finalisé entre les deux parties. Ce qui permettra à son équipe de travailler avec une base légale solide.

16. Les élections, nous le savons tous, sont en réalité une des manifestations de la bonne marche de la démocratie. Parce que la démocratie, c’est l’ensemble des faits et gestes de la vie quotidienne des citoyens par rapport à eux-mêmes et par rapport aux institutions qui les gouvernent. Et la démocratie ne peut pas évoluer dans une société éclatée, non réconciliée et non confiante en elle-même. C’est dans le cadre que le Gouvernement burundais vient de doter le pays d’une Commission Vérité et Réconciliation et les 11 commissaires qui la composent ont été élus dans la transparence totale.

Monsieur le Président,

17. Comme vous savez, le Burundi est en train de passer de la phase post conflit à la phase de développement socioéconomique durable. La poursuite des travaux de reconstruction du pays, le cheminement long et pénible vers le développement harmonieux du peuple Burundais demandent des moyens colossaux que le Burundi ne saurait réunir tout seul.

18. C’est dans ce cadre nous avons tenu les 11 et 12 décembre 2014 à Bujumbura la Table ronde entre le Burundi et ses principaux partenaires au développement. Nous avons engagé un dialogue sur l’état d’avancement de la mise en œuvre du Cadre Stratégique actuel de Croissance et de Lutte contre la Pauvreté en mettant particulièrement en exergue les progrès réalisés et les défis encore à relever dans la perspective de mise en œuvre de nos engagements mutuels. Nous remercions l’Ambassadeur Seger pour avoir facilité par son savoir-faire, les négociations et l’adoption du communiqué final qui a sanctionné cet atelier. Nous demandons à nos partenaires de revisiter ce document afin que les engagements réitérés à l’hôtel Club du Lac à Bujumbura soient traduits en actes.

Monsieur le Président,

19. Sur le plan sécuritaire et la stabilité, le Burundi est un pays très sûr, exception faite à quelques cas isolés de criminalité dans certains coins du pays. La paix et la sécurité règne sur tout le territoire national et la population vaque normalement à ses activités. D’ailleurs le rapport sous examen le reconnait au paragraphe 20.

20. Le Gouvernement s’est engagé à endiguer toutes les formes de criminalité et de perturbations de la paix et de la sécurité. Il ne serait pas superflu de rappeler à cet égard qu’à la fin du mois de décembre 2014, alors que la population s’apprêtait à fêter dans l’allégresse la fin de l’année, le Burundi a connu une infiltration à partir du territoire voisin de la RDC d’une colonne d’hommes armés qui ont été vite mis hors d’état de nuire par nos vaillants soldats.

21. Nous rejetons encore une fois, le choix de la violence comme un moyen de faire des gains politiques dans notre pays. Comme le rapport du Secrétaire Général le dit bien au paragraphe 56, mon pays vient de loin. Le Burundi a beaucoup souffert de cycles de violence et la paix chèrement retrouvée grâce aux différents accords de paix dont celui d’Arusha est pour nous un acquis que nous devons pérenniser. Le recours à la violence est inacceptable et doit céder la place à guerre des idées et des programmes de développement.

22. Parlant justement de cette paix retrouvée grâce à l’appui de la Communauté internationale, nous allons poursuivre en guise de reconnaissance la participation du Burundi dans les missions de maintien de la paix, plus particulièrement en Somalie et en République Centrafricaine. C’est pour nous un point d’honneur en tant que premier pays francophone contributeur de troupes. Nous profitons de cette occasion pour lancer de nouveau un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte davantage de soutiens à nos contingents qui font un excellent travail sur le terrain.

23. Monsieur le Président, je reviens maintenant au rapport soumis à votre appréciation. Au point C du rapport, paragraphes 24 et 25, il est fait mention au processus de mise en place des mécanismes de justice de transition. La CVR est déjà en place. Reste à la Communauté internationale de lui apporter un soutien adéquat pour mener à bien sa mission.

24. Concernant le point D du rapport sur la Gouvernance et le Renforcement institutionnel, le Gouvernement du Burundi continuera à consentir des efforts dans sa guerre qu’elle mène contre la corruption et s’efforcera de relever les défis restants dans ce domaine qui nécessite comme vous le savez un combat permanent. Nous exprimons à cet effet nos vifs remerciements à nos partenaires techniques et financiers pour l’appui apporté aux institutions de lutte contre la corruption et celles chargées de la bonne gouvernance dans notre pays. Tout naturellement, nos remerciements s’adressent également à nos partenaires locaux de la société civile qui ne cessent de contribuer au combat partagé contre la corruption. Ils se reconnaitront, je ne pourrais pas les citer tous au risque d’en oublier certains.

25. Pour ce qui est de l’Etat de droit évoqué au chapitre E, il serait utopique de vouloir instaurer un état de droit totalement parfait. Comme vous le savez, l’état de droit est un idéal qu’aucun seul pays au monde n’a jamais réalisé parfaitement. Malgré tout cela, le gouvernement a pris des initiatives louables visant cet idéal ou du moins de s’y rapprocher. C’est notamment, la tenue des états généraux de la justice, le Plan stratégique du Conseil supérieur de la magistrature et sur l’éthique judiciaire, la révision du cadre légal des prisons et des plans de correction, etc… Même si ces efforts ont été omis par le rédacteur de ce rapport, il s’agit des faits qui sont là et qui ont produit des résultats tangibles, bien que des défis persistent encore.

26. En ce qui concerne la promotion et la protection des droits de l’homme au point F du rapport, nous nous réjouissons du fait que le rapport reconnait que le pays a connu des progrès notables et la diminution sensible de ce qu’il appelle « exécutions extrajudiciaires », la violence politique de jeunes affiliés aux partis politiques. A ce sujet, nous rappelons que la lutte contre l’impunité reste la priorité du Gouvernement.

27. Pour ce qui est du point G. sur le développement économique et social, il sied de rappeler ici que le Burundi, tout comme la plupart des pays en développement, ne pourra pas atteindre les OMD à la date butoir. Mais des progrès remarquables ont été réalisés dans les secteurs de l’éducation et de la santé. En toute état de cause, l’aide au développement doit être repensée pour accélérer l’atteindre des OMD encore en souffrance dans nos pays et l’agenda post-2015 est une belle occasion pour le faire. La conférence sur le financement du développement prévue à Addis-Abeba en Ethiopie au mois de juillet est très attendue à cet effet.

28. S’agissant des questions ayant trait à la consolidation de la paix développées au chapitre 4 sur les enjeux transversaux, point c, l’Equipe pays des Nations Unies qui vient de prendre la relève du BNUB aura tout simplement à mettre en œuvre le Plan prioritaire de Consolidation de la Paix 2014-2016 qui est, comme vous le savez, le résultat d’un processus inclusif.

29. En ce qui concerne le BNUB et sa transformation en Equipe pays au chapitre 5 de ce rapport, permettez-mois de rappeler que la descente du drapeau du BNUB s’est déroulée le 12 décembre 2014, en présence des deux co-présidents de la cérémonie, M. Jeffrey Feltman lui-même, et M. Laurent Kavakure, Ministre burundais des Relations extérieures et de la Coopération Internationale.

30. Ce geste symbolique a été et il faut le dire, l’expression de deux volontés. Celle du gouvernement du Burundi, d’abord, désireux de s’approprier pleinement processus national de consolidation de la paix, rentré dans sa phase de maturation depuis quelques années déjà. Ensuite, celle du Conseil de sécurité, telle qu’exprimée dans sa résolution 2137, du 13 février 2014. Nous reconnaissons à juste titre que le BNUB sous le leadership éclairé de Parfait Onanga, a accompli un travail de dialogue politique, de protection des droits de l’homme, de renforcement des capacités institutionnelles du gouvernement et de la société civile mais également d’appui au processus électoral en cours. L’ONU peut être fière d’avoir contribué à ce succès partagé.

Et c’est par ici je conclus mon propos, je vous remercie M. le Président !