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En attendant les conclusions d’une nouvelle enquête avant la fin de cette année, le Lieutenant-général Kayumba Nyamwasa, ancien chef d’Etat-major du Rwanda et un ancien garde du corps de Paul Kagamé, Aloys Ruyenzi, qui vit maintenant dans la clandestinité en France, ont réitéré les allégations selon lesquelles l’actuel président rwandais est à l’origine de l’attentat qui avait coûté la vie à son prédécesseur, Juvénal Habyarimana.

Dans une interview accordée au programme This World de la BBC, Kayumba Nyamwasa a affirmé que les fonctions qu’il occupait à l’époque lui permettaient de savoir qui avait effectivement perpétré l’attentat contre l’avion du défunt président rwandais.

L’ancien chef d’Etat-major rwandais a insisté que la responsabilité du président rwandais concernant cet attentat ne fait aucun doute. « C’est Paul Kagame, c’est sûr et certain à cent pour cent, j’étais bien placé pour le savoir et il le sait. Les extrémistes hutus avaient prévu d’exterminer les Tutsis. Mais Paul Kagame doit aussi avouer qu’il avait ses propres plans qui ont contribué au génocide. Parce qu’en saison sèche, si vous allumer un feu vous ne devez pas être étonné que l’herbe brûle », a-t-il souligné.

De son côté le lieutenant Aloys Ruyenzi est du même avis. Il a affirmé avoir assisté à une réunion avec son patron une semaine avant que l’avion ne soit abattu. « Le président Kagamé a présidé une réunion au cours de laquelle le colonel Lizinde lui a apporté une carte montrant d’où l’avion pourrait être abattu. Le Président a approuvé le plan et il a ordonné qu’il soit mis en œuvre.», a-t-il expliqué. Aloys Ruyenzi a indiqué que le FPR (Front patriotique rwandais) avait à cette époque introduit des missiles anti-aériens dans la capitale et qu’il était personnellement avec le président Kagamé quand celui-ci a appris que l’avion avait été abattu. « Paul Kagame était content. Les autres commandants étaient aussi contents. C’est à partir de ce moment que nous nous sommes mis en mouvement», a-t-il poursuivi.

Depuis l’assassinat de Juvénal Habyarimana, qui est considéré comme le déclencheur du génocide de 1994 au Rwanda, Paul Kagamé a toujours nié les accusations portées contre sa personne dans cette affaire. Il a toujours maintenu que l’avion avait été abattu par des extrémistes hutus révoltés par la volonté de son prédécesseur de partager le pouvoir avec la minorité Tutsi. « Si le FPR était responsable de l’attentat, il l’aurait assumé. Franchement, c’est le dernier de mes soucis. La France le dit. Je m’enfous ! », a déclaré le président Paul Kagamé.

Notons que dans leur rapport publié deux ans après l’assassinat de l’ancien président rwandais, les Nations-unies avaient mis en cause le FPR concernant le crash de l’avion Juvénal Habyarimana. Ce rapport avait en effet abouti à la conclusion similaire à celle d’un juge français en 2004 qui enquêtait sur cet attentat au nom des familles des membres de l’équipage français qui avaient aussi perdu la vie le 6 avril 1994. Dès ce jour même de l’attentat, les rebelles tutsis du FPR menés par Paul Kagamé ont lancé une offensive de grande envergure. De leurs côté, les milices extrémistes hutues et des éléments de l’armée rwandaise se sont ensuite livrés à des massacres systématiques des Tutsis qui ont débouché sur le génocide rwandais qui avait fait plus de 800 000 morts, principalement des Tutsis, mais aussi des Hutus modérés et d’autres personnes opposées au massacre.

Nestor N’Gampoula