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Un Rwandais et trois Tanzaniens ont été condamnés mercredi à huit ans de prison par la justice sud-africaine pour avoir tenté d’assassiner en juin 2010 en Afrique du sud un ex-général rwandais brouillé avec le président Paul Kagame. Le juge Stanley Mkhari a jugé les quatre hommes coupables d’une tentative d’assassinat aux motifs politiques contre Faustin Kayumba Nyamwasa, ancien chef d’état-major du président Kagame. Après avoir exécuté votre peine, vous serez considérés comme des immigrants illégaux (…) et devrez être rapatriés vers vos pays respectifs, a ajouté le magistrat à l’adresse du Rwandais Amani Uriwane et des Tanzaniens Hassan Mohammedi Nduli, Sady Abdou et Hemedi Dengengo Sefu. Selon lui, le complot contre le général Nyamwasa émanait d’un certain groupe de personnes au Rwanda.

Vous auriez dû comparaître devant moi aux côtés de toutes les personnes qui ont trouvé les fonds (…) et vous ont payés pour commettre ce crime, a-t-il insisté. Il s’est dit convaincu que les citoyens ordinaires respectueux des lois de ce pays en ont assez de ces assassinats répétés et sans aucun sens de citoyens étrangers pour des raisons politiques. Brouillé avec le président rwandais Paul Kagame au point de choisir l’exil, l’ancien général avait échappé de peu à la mort le 10 juin 2010 à Johannesburg, blessé de plusieurs balles dans l’estomac devant chez lui pendant la Coupe du monde de football organisée en Afrique du Sud. Il avait quitté son pays quatre mois auparavant. Depuis cette attaque, M. Nyamwasa, 56 ans, vit toujours avec une balle logée dans le bas du dos et a été visé par trois autres tentatives d’attentat, selon ses dires. Mercredi, l’ex-général s’est dit très heureux car le magistrat a estimé (…) que les condamnés n’étaient pas les vrais coupables.

Nous savions déjà que la tentative d’assassinat avait des motivations politiques au Rwanda, a-t-il dit, affirmant qu’au final le gouvernement rwandais est aussi visé par le verdict. Le président Kagame a toujours nié toute implication mais son gouvernement est régulièrement accusé d’être derrière les mauvais coups frappant ses opposants établis à l’étranger et soupçonné de chercher à les éliminer physiquement. Un autre de ses opposants en exil, l’ancien chef des services secrets rwandais Patrick Karegeya, avait été retrouvé mort étranglé le 1er janvier dans un hôtel de Johannesburg. Ancien compagnon d’armes du président Kagame, le général Nyamwasa est lui-même recherché par la justice de son pays, où il a été condamné par contumace à 24 ans de réclusion par un tribunal militaire pour désertion, diffamation et atteinte à la sécurité de l’Etat. Il est aussi réclamé par la justice française pour son implication présumée dans l’attentat contre l’avion de l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana, événement déclencheur du génocide qui fit 800.000 morts en 1994.

(©AFP)