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source : lundi 18 août 2014 Par François Chimits
Sanofi met sur le marché une nouvelle version semi-synthétique de son antipaludique phare, l’ArteSunate AmodiaQuine (ASAQ). Plus de 1,7 million de doses de ce nouveau traitement, produit au Maroc, seront expédiées au cours des prochains mois vers le Burkina Faso, le Burundi, la RDC, le Liberia, le Niger et le Nigeria

Sanofi et Path – le programme international de développement de médicaments – ont annoncé dans un communiqué de presse l’expédition des premiers lots industriels d’une nouvelle version de son produit phare dans la lutte contre le paludisme : le traitement ArteSunate AmodiaQuine (ASAQ).

Plus de 1,7 million de doses cette nouvelle version, dite “semi-synthétique”, seront expédiées au cours des prochains mois vers le Burkina Faso, le Burundi, la République démocratique du Congo, le Liberia, le Niger et le Nigeria. Si le prix de ce nouveau traitement n’a pas été indiqué, il devrait être – à l’instar de la version naturelle – inférieur à un dollar.

Moins chère et plus pratique

Présentée par le groupe pharmaceutique français comme moins chère et plus pratique à produire, cette nouvelle version du traitement ASAQ est rendue possible par la production d’une forme semi-synthétique obtenue à partir d’artémisinine naturelle, le principe actif reconnu comme le plus efficace contre le paludisme par l’Organisation mondiale de la santé.

Pour Robert Sebbag, le vice-président responsable de l’accès au médicament chez Sanofi, il s’agit d’une “innovation essentielle”. En effet, l’artemisia annua, la plante dont est tirée l’artémisinine naturelle, souffre d’une forte saisonnalité, ce qui engendre une volatilité importante des prix et provoque des soucis d’approvisionnement. De plus, des résistances au principe actif naturel ont commencé à être observées. Autant de soucis que la version semi-synthétique nouvellement utilisée devrait permettre de limiter selon le laboratoire français.

Production au Maroc

Plus de 300 millions de traitements ASAQ produits avec de l’artémisinine naturelle ont déjà été distribués depuis son lancement en 2007. Le groupe français réalise l’intégralité de ses 70 millions de traitements ASAQ produits chaque année au Maroc – soit 30 % des médicaments produits par sa filiale locale. La nouvelle version de ce traitement sera également produite au Maroc – bien que le nouveau principe actif sémi-synthétique est lui réalisé dans un premier temps dans une usine du groupe à Garessio, dans l’extrême nord de l’Italie.

Contacté par Jeune Afrique, le géant pharmaceutique n’a pas indiqué d’objectif précis de production de la version semi-synthétique mais l’abandon de la version naturelle n’est pas envisagé. Pour 2014, la production annuelle devrait rester stable, autour de 70 millions de traitements.

Acteur incontournable

Bien que le groupe pharmaceutique ne fasse aucun profit – selon le système du no profit no loss – et que le médicament pèse peu dans les 33 milliards de chiffre d’affaires du groupe, il lui permet de se positionner comme un acteur incontournable dans les pays fortement affectés. Le paludisme, qui infecte 207 millions de personnes et entraîne environ 627 000 de décès chaque année dont 90 % en Afrique, reste la maladie parasitaire la plus meurtrière de la planète. La découverte de l’artémisinine avait été qualifié en 2001 par l’OMS de “plus grand espoir mondial contre le paludisme”.