Partage

source : Panapress, 11/08/2014
Un ménage qui s’éclaire chaque soir, à raison de deux bougies de 300 francs burundais la pièce, dépense 18.000 francs (environ 11 dollars us) au bout d’un mois, contre 5.000 francs (environ 3,1 dollars us) pour un autre ménage qui consomme, elle, sur la même période, l’énergie d’origine électrique, à en croire le directeur général de la Régie nationale de production et de commercialisation de l’eau et l’électricité (REGIDESO), Libérat Mpfumukeko, qui met en avant le manque de moyens de réinvestissement pour expliquer les raisons de la crise énergétique aiguë qui est devenue chronique et insoutenable au Burundi.

Le pays tire l’essentiel de son énergie des centrales hydroélectriques vieillissantes dont la dernière à avoir été construite remonte d’il y a 25 ans, faute de moyens pour faire face à de nouveaux investissements dans le secteur, selon ce responsable de l’unique entreprise nationale ayant le monopole de la production et la commercialisation de l’eau et l’électricité.

La REGIDESO fait payer au consommateur 100 francs burundais, le kilowatt/heure, alors qu’elle investit 750 francs dans la production de la même quantité de courant électrique, d’après la même source.

Le pays pratique encore les tarifs les plus bas de 10 centimes, si on se réfère au dollar américain, contre 20 à 24 centimes le kilowatt/heure au niveau de la sous-région du Burundi, selon M. Mpfumukeko.

On estime au Burundi à quelque 5% de ménages qui se partagent les quelque 45 mégawatts de courant électrique encore disponibles, pour des besoins réels de l’ordre de 200 mégawatts, s’il fallait, en plus, alimenter l’industrie minière encore en attente des jours meilleurs.

La seule ville de Bujumbura, en même temps capitale politico-économique du pays, nécessite 40 mégawatts pour les différents besoins et n’en reçoit au bout du compte, pour le moment, que 20, dit-on du côté de la REGIDESO.

La solution des centrales thermiques commence également à montrer ses limites puisque la REGIDESO se plaint encore de leur gourmandise en gasoil.

L’alimentation d’une centrale thermique demande 350 litres de gasoil par heure et il faut les faire tourner parfois huit heures par jour d’affilée, ce qui revient facilement à plus d’un milliard de francs burundais (près d’un million de dollars us) de dépenses par mois, dans certains cas pour moins de 10 mégawatts.

Certains bailleurs de fonds commencent à être sensibles à la problématique de l’énergie au Burundi, comme la Banque africaine de développement (Bad) qui a annoncé, fin juillet, qu’elle allait débloquer immédiatement 22 millions de dollars pour appuyer la construction de centrales hydroélectriques sur les rivières Jiji et Mulembwe, dans le Sud du Burundi, pour une capacité de 50 mégawatts. La Banque mondiale a également livré cette année une centrale thermique clé en main et fournit du gasoil pour l’alimenter.

Les horizons restent obscurs puisque la REGIDESO renvoie aux cinq prochaines années pour finaliser certains projets en cours de construction de nouveaux barrages hydroélectriques.

De quoi assommer les petits artisans qui grognaient déjà fort face à la crise énergétique qui pénalise plus gravement encore les métiers de soudeur, de laitier, de boucher, de meunier et de boulanger sans moyens suffisants pour investir comme les autres plus nantis en groupes électrogènes qui sont devenus une mode des temps modernes au Burundi faute de mieux.

Le ministre des Finances, Abdallah, qui avait déclaré dernièrement avoir reçu de quelque part de quoi garantir le courant continu, au moins du 1er août au 31 décembre 2014, concentre aujourd’hui le mécontentement national de tous ces artisans qui n’ont toujours pas revu la couleur annoncée de la lumière électrique.

Depuis cette déclaration devant le Parlement, le ministre est accusé d’avoir juste voulu faire passer son budget révisé à mi-parcours qui était caractérisé par des coupes sombres et des hausses controversées par endroits dans les milieux parlementaires et l’opinion publique, surtout en ce qui concerne la majoration des “dépenses de souveraineté”.