Partage

Il n’existe que deux centres de prise en charge des handicapés mentaux au Burundi. Une association veut donner un coup de main à l’endroit de cette catégorie de personnes.

Des parents sont venus des quatre coins de la capitale pour répondre à l’appel de l’association Foi et Lumière au Lycée du Saint Esprit, le week-end dernier. Avec eux, leurs enfants handicapés mentaux dont des trisomiques 21, des autistes, des hydrocéphales, des macrocéphales, des microcéphales et des IMC (Infirmes Célébro-Moteurs). « Avoir un enfant handicapé mental n’est pas de tout repos. Mon enfant ne peut pas marcher, ni se tenir debout. Ses couches sont changées comme s’il était un bébé. Cela dure depuis plus de 18 ans. Il faut beaucoup, beaucoup d’attention et de tendresse », confie un parent.

En seulement trois semaines, l’association a dénombré plus de 350 personnes touchées par une déficience mentale. Les familles se sentent abandonnées face à cette dure réalité. Souvent, elles ne savent pas à quelle institution se tourner pour une bonne éducation de leurs enfants. « Je suis venue pour rencontrer d’autres parents qui sont dans la même situation que moi pour échanger sur l’éducation de nos enfants handicapés mentaux. J’espère qu’on va nous dire comment l’association compte nous aider puisque l’Etat ne s’est jamais préoccupé de nos enfants », confie une maman d’une retardée mentale de 10 ans habitant à Sororezo.

« C’est spectaculaire ce qu’ils sont capables de faire »

« Le problème des personnes avec un handicap mental est de ne pas avoir de place dans la société », déplore père Emmanuel Ndayishimiye Bonja, représentant légal de Foi et Lumière Burundi. Ces personnes sont souvent cachées dans les familles. Le père Bonja indique que les parents ne sont pas épargnés, surtout la mère qui est souvent stigmatisée ou maltraitée par son époux. Ce dernier la rend parfois responsable de ce handicap. En plus, les jeunes filles touchées par une déficience mentale sont des proies faciles pour le viol et les parents vivent dans une peur permanente d’une grossesse non désirée.

Pour lui, il est important que les handicapés mentaux bénéficient d’une éducation adaptée. « Des bénévoles sont venus dans notre pays pour deux semaines. Durant ce temps, des handicapés mentaux ont bénéficié d’ateliers de stimulation, de valorisation et d’évaluations de leurs capacités. C’est spectaculaire ce qu’ils sont capables de faire. » Selon lui, les gens croient à tort que ce sont des incapables. Dans notre pays, raconte-t-il, il n’y a pas de structures spécialisées pour ce genre d’handicap. Le centre Akamuri de Jabe et Mutwenzi à Gitega, qui prennent en charge des personnes avec un handicap léger, sont, du reste, débordés par les nombreux cas à traiter. Ceux qui sont lourdement handicapés, assis ou couchés, sont délaissés. L’association Foi et Lumière prépare un projet d’éducation spécialisée et de prise en charge.

Le père Emmanuel Ndayishimiye Bonja lance un appel à l’Etat, aux organisations des droits de l’Homme et aux parents d’accorder une attention particulière à ces enfants : « Il faut que les choses changent ! ».