Saviez-vous vraiment qui est Pierre Buyoya ? Ecrivait Honorable Sindayigaya
Partage

1. Introduction : BUYOYA le Roi des surfeurs.
Même pour ses plus proches, BUYOYA est un personnage insaisissable. Et c’est quand ils croient le tenir une fois pour toutes qu’il se dérobe et leur échappe pour une durée indéterminée. Et malheur aux débutants improvisateurs ; eux ils vont jusqu’à se vanter de le tenir quand ils n’ont aperçu que son ombre ne sachant pas où il se trouve en réalité et encore moins dans quelle direction il va virer.
Ce que je vais avancer comme thèse va sembler totalement incongru mais avec le temps la thèse pourra devenir de plus en plus probante comme le bébé qui prend forme après des mois. BUYOYA est comme un roseau. Il est l’homme le plus manipulable qui soit au Burundi. Toutes les forces politiques et occultes le manipulent et il s’y soumet. Etant le seul à connaître les vents qui le promènent, il devient finalement le seul maître de la situation, le manipulateur des manipulateurs.
Je donnerai deux exemples. Quand il est arrivé au pouvoir le 3 septembre 1987, il a déclaré publiquement que la question ethnique n’était plus à l’ordre du jour. Pourtant il savait que ce n’était pas vrai. Il a dit cela uniquement comme porte-parole des forces politiques et militaires qui venaient de le porter au pouvoir. Il arrivait au pouvoir avec le soutien de toute la communauté internationale en arborant qu’il venait chasser un BAGAZA persécuteur des croyants et qui ferme les églises. Mais les observateurs savaient bien que les groupes de prière étaient devenus des cadres de réflexion dépassant le simple cadre de la méditation dans un pays où les libertés politiques étaient piétinées. On sait aussi que la fermeture des écoles Yaga Mukama était ressentie comme une mesure dirigée contre la population hutu et sa scolarisation face au déficit de l’enseignement formel.
BUYOYA ne pouvait ignorer cela et croire que la question ethnique était résolue. Hissé sur le fauteuil de Président de la République, il a dû dire ce que le noyau qui l’y avait hissé voulait qu’il dise. Comme par hasard, au centre du club des Conseillers tout puissants se trouvait un certain…Artémon SIMBANANIYE. Que BAGAZA, qui n’était pourtant pas un Saint, avait expédié hors du pays connaissant sa capacité de nuisance extrême. Quelqu’un a même dit publiquement : « Abahutu ubwanyu buraheze. Ya mvyeyi yanyu BAGAZA aragiye tuzorabe » ( Ou en d’autres mots – Hutu, vos jours sont comptés. Votre protecteur BAGAZA est parti -). Notez qu’aujourd’hui, c’est BUYOYA qui est présenté par les mêmes personnes comme le protecteur des Hutu quand ils ne disent pas carrément qu’il est lui-même hutu.
Après il y a eu les pertes en vies humaines à NTEGA et MARANGARA (nous y reviendrons). BUYOYA a viré de 180 degrés et pour ceux qui ne connaissent pas la trigonométrie il a purement et simplement fait demi-tour. Il a déclaré que la question ethnique était bel et bien à l’ordre du jour. Souvenez-vous de son discours historique : « Ni le scepticisme qui démobilise…rien ne viendra à bout de ma détermination à réconcilier définitivement les Barundi ». Et il a reçu un tonnerre d’applaudissements.
Moi je ne l’ai pas cru. Il n’a pas pu ignorer un problème qui durait depuis quatre décennies et subitement apprendre son existence en quelques jours. Ce ne sont pas les massacres des Tutsi ou des Hutu, et/ou des deux qui venaient d’avoir lieu qui lui auraient ouvert les yeux. En 1972 il y avait eu plus de morts au moment où BUYOYA était aux portes de la carrière d’officier.
BUYOYA a viré parce que la communauté internationale lui a promis tous les malheurs s’il ne changeait pas de cap. Voilà la vérité. Il recevait les ordres notamment de Washington via MOBUTU qu’il allait voir régulièrement. Il ne consultait même plus l’armée. Ce n’est pas feu Colonel Edmond NDAKAZI qui me contredirait s’il était encore de ce monde. Lui-même n’était pas d’accord avec BUYOYA sur la manière dont ce dernier avait géré la situation. N’oubliez pas que des pays comme l’Allemagne Fédérale et l’Italie ont suspendu toute coopération avec son régime. Même la France qui demeurait à ses côtés lui a demandé de faire quelque chose pour qu’elle ne soit pas épinglée comme soutien à un régime tordu.
A l’aide des deux exemples il apparaît comment BUYOYA est toujours apparu comme homme fort en ne faisant qu’avaler les potions magiques de ses sorciers (tantôt les idéologues de son pouvoir et tantôt la communauté internationale). Là où les autres exécutants sont appelés « Hutu de service » ou hommes de paille, Buyoya est devenu l’homme de la situation. Son seul secret est de se dire en permanence : « Le vent fort souffle par là et j’y vais ; demain il soufflera dans une autre direction. Il faudra que je sois prêt à virer sans états d’âme ». A Arusha Isidore NYABOYA nous rapporta que BUYOYA aurait dit à un fonctionnaire international qu’il y a quatre ethnies au Burundi : les Hutu, les Tutsi, les Twa et…la Communauté Internationale. BUYOYA est l’homme d’Etat, de l’Etat personnalisé faut-il préciser. Il ne connaît pas d’amis ; il ne connaît que ses intérêts. C’est pour cela qu’il est au pouvoir depuis 15 ans et pour jusque je ne sais quand. Nous verrons qu’il ne fait jamais de cadeau exemples insoupçonnés à l’appui.
Ainsi, je comparerai BUYOYA à un surfeur. Quand on observe les prouesses du surfeur on l’attribue à son seul talent. On oublie que le surf n’existe que parce qu’il y a des vagues. BUYOYA est un véritable surfeur. Il surfe sur les vagues du drame burundais et Dieu seul sait qu’il y en a beaucoup et que les rivages de la politique burundaise ne sont pas prêts de s’apaiser. Leur origine est antérieure à BUYOYA mais les trajectoires changeantes de son navire en ont rajouté et n’ont certainement pas contribué à l’apaisement.
Il s’agit donc de se poser successivement quelques questions : D’où sort le Major Pierre BUYOYA ? Qu’est-ce qui nous a valu son arrivée au pouvoir ? Quelles sont ses recettes acrobatiques ? Ou nous laissera-t-il quand il quittera le navire ? L’article sera long. Mais croyez-moi. J’ai de quoi y consacrer un volumineux ouvrage mais momentanément je n’en ai pas le temps. Tant mieux pour lui !
2. D’où nous vient le Major Pierre BUYOYA ?
Dans son livre autobiographique « Mission possible », le Major Président a donné sa bibliographie. Nous partirons de là et nous ajouterons les quelques détails qu’il nous a cachés sur sa carrière. BUYOYA est né en 1949 à la colline Mutangaro, sous-colline de Baziro, en commune de Rutovu, Province de Bururi. C’est ainsi que certains l’appellent MUTANGARO.
BUYOYA précise : « Après la mort de sa première épouse, mon père s’était remarié plusieurs fois. Tous les enfants issus de ces autres mariages étaient morts en bas âge. Cela constituait un terrible drame pour mon père. Et comme il souhaitait avoir d’autres enfants, il s’est remarié avec ma mère…Ma mère Nzikobanyanka était originaire d’une famille très étendue. Avant de faire ménage avec mon père, elle avait déjà cinq enfants auparavant. Je suis donc son sixième enfant…Quand je suis venu au monde, mon père n’a pas voulu me donner un nom tout de suite. Comme il n’était pas sûr que je survivrai, et comme pour conjurer le mauvais sort qui avait frappé ses autres enfants, il dit à ma mère -Pour l’instant, cet enfant on l’appellera Buyoya. Si Dieu lui prête la vie, s’il grandit, on lui donnera alors un autre nom-».
Il a commencé par les cours de catéchèse. Son père ne voulait pas qu’il fasse l’école des Blancs, pour qu’il garde les vaches. Il a fini par s’inscrire malgré le refus de son père en septembre 1958. N’étant pas bête du tout on lui fit sauter la 6ième pour entrer directement en septième à l’Ecole Normale de Rutovu. Et concernant le tournant qui forgea son destin il écrit : « C’est en Avril 1967 que le père Kohl va recevoir une lettre qui va déterminer la suite de mon itinéraire. Cette lettre était une circulaire informant tous les directeurs d’école qu’ils pouvaient envoyer des candidats au concours d’entrée à l’Ecole royale de cadets de Bruxelles ».
Ayant réussi l’examen d’admission à l’Ecole Royale des cadets en Belgique, BUYOYA prenait l’avion de Bujumbura vers Bruxelles le 19 août 1967. Et concernant ses études militaires il dit notamment : « J’étais surtout intéressé par les livres liés aux luttes de libération dans le monde…J’ai d’ailleurs consacré mon mémoire de fin d’études à l’organisation et à l’idéologie du FLN algérien. »
Mais dans son récit il omet volontairement de parler d’un autre tournant qui a marqué sa vie. En juillet 1972, BUYOYA est rentré en vacances au Burundi. Au retour il a abandonné l’orientation Gendarmerie qu’il poursuivait pour celle de l’armée. C’est un tournant qu’il omet de citer alors qu’il fut déterminant. Il pourra alors avoir toute la voie libre vers le sommet de l’Etat. Une chance que n’eut pas son ami SINDAYIHEBURA qui a poursuivi la filière de Gendarmerie.
BUYOYA dit qu’il a consacré son mémoire de fin d’études à l’organisation et à l’organisation du FLN en précisant qu’il s’intéressait à la libération dans le monde. Il tord la vérité. En réalité il s’intéressait à la manière dont on combat les luttes de libération et les guérillas. Ce qui n’est pas du tout la même chose. Au vu des misères que lui a causé une rébellion burundaise à la fois mal équipée et divisée, BUYOYA ne doit pas avoir eu de très bons professeurs en matière de lutte anti-rébellions.
Il est rentré au Burundi en juillet 1975. Un mois après, il fut affecté au bataillon paras en tant que chef de peloton dans l’escadron de reconnaissance(blindés). Deux mois après il est allé passer le brevet de commando à Gitega. En décembre 1975, il est revenu à son poste au bataillon paras jusqu’en août 1976. En août 1976, il effectua un stage de six mois en France à l’Ecole d’Etat-Major à Saumur, à l’ouest de la France. De retour au Burundi en février 1977, il fut nommé Commandant d’escadron de reconnaissance dans la même unité. En octobre 1977, il est nommé Commandant du bataillon blindés à Gitega. Les nouveaux blindés russes venaient d’arriver. C’est à Gitega qu’il se maria 1978.
D’octobre 1980 à juillet 1982, il effectua un stage de formation en Allemagne à Cologne à l’Académie de Commandement de Hambourg. Il revint au Burundi en 1982 et devint Commandant du 11ième bn blindés à Bujumbura. Lequel bataillon était encore à créer. De 1984 à 1987, il exerça la fonction de G3, Chargé des Opérations à l’Etat-Major Général de l’Armée.
Il faut retenir au moins trois éléments de cette trajectoire. Premièrement son enfance. On dirait que j’avais déjà vu ailleurs une telle enfance. Une certaine Maman YEMO avait, elle aussi, trimbalé une ribambelle d’enfants de Paroisse en Paroisse au Congo. Parmi eux se trouvait un certain… Joseph Désiré MOBUTU. Un garçon très «débrouillard » qui passa de journaliste à deux sous à Chef d’Etat, Colonel, Général et termina sa course Maréchal. Retenez surtout que ces garçons qui n’ont reçu aucun cadeau de la vie n’en font jamais non plus. Ils sont également sans pitié. Nous aurons l’occasion d’y revenir.
Deuxième chose à ne pas oublier pour la suite. C’est BUYOYA le père de l’arsenal blindé au Burundi. Il a habillé le micheton tout balbutiant qui porte aujourd’hui le nom de 22ème bn blindés. Il a directement engendré un autre qui devint le 11ème bn blindés de Bujumbura. Tout devient clair en voyant qu’on lui ensuite a confié le Commandement des Opérations à l’Etat-Major. Ses supérieurs lui ont tracé l’itinéraire idéal pour être l’un des rares sinon le seul officier capable de renverser BAGAZA. Nous y reviendrons aussi car BUYOYA lui veille méticuleusement à ne pas commettre ce genre d’erreurs. Il fouille dans les moindres détails le parcours de ceux qu’il place afin que l’échiquier ne confère à personne d’autre que lui la suprématie.
3. Pourquoi est-ce que le plus grand manipulateur burundais est un militaire?
Ce n’est nullement un hasard. Les civils ne se donnent pas la peine de savoir pourquoi les militaires les ont toujours doublés. Toutes autres conditions demeurant égales, la différence se trouve dans la carrière. Il existe une grande différence entre le Sous-Lieutenant commençant la carrière d’Officier et le Licencié entrant dans la Fonction Publique.
A un fonctionnaire on donne un bureau et il y a une distance quasi aristocratique entre le patron et les agents. A l’armée il y a des particularités qui frisent la contradiction et qui forgent la capacité de manipulation des officiers. Dans les relations de chefs à subalternes dans l’armée, les civils ne voient que le salut à distance que réservent les soldats aux officiers. Mais ils ne voient pas les autres relations institutionnelles de ce corps. Il y a régulièrement des causeries morales entre tous les militaires animées par les Commandants. Chez les civils le chef n’adresse souvent la parole qu’à ses collaborateurs directs et traite les autres avec mépris.
J’ai été plus d’une fois dans un camp militaire. Je fus étonné de voir le Commandant du camp manger à midi avec ses soldats, la même nourriture. Alors que moi quand je me rendais en mission à l’intérieur du pays, les collaborateurs qui m’accompagnaient ne voyaient pas d’un bon oeil que le chauffeur s’asseye à notre table et partage notre repas. Ils oubliaient que sur la route c’est lui qui tenait notre sort entre ses mains. Un officier apprend que s’il se fait obéir juste par la terreur, le jour où il sera sur un champ de bataille personne ne se sacrifiera pour lui sauver la vie.
Et puis quand le Commandant du camp écoute tout le monde c’est aussi pour espionner ses collaborateurs et ses commandants d’escadrons. A la tête de l’Etat BUYOYA ne fait qu’appliquer ce qu’il a toujours fait à l’armée. Avant toute grande décision il a toujours appelé dans un coin, des représentants de forces de tous horizons. Juste pour savoir qui pourrait contrer son plan alors qu’eux croient que c’est pour les associer. Il ne les réunit jamais ensemble. Ainsi lui sait ce que tout le monde pense et les autres ne connaissent que leur seule pensée ainsi que les rumeurs. Ainsi le pays est géré comme une grande caserne.
Je vais illustrer cela. Avant de mettre en place son Gouvernement dit de transition du 1er novembre le Major Président a rencontré la plupart des grand leaders politiques. Je ne citerai ni leurs noms ni l’endroit où il est allé rencontrer chacun. Afin que nul ne dise que je prétends savoir ce que je ne sais pas je préciserai qu’il a notamment rencontré longuement BAGAZA dans une Capitale de la région qui n’est pas Kampala. Après il savait ou croyait savoir exactement qui pensait quoi. Mais comme certains font comme lui et sont méfiants ils lui ont posé un lapin.
Ce n’est pas tout. Dernièrement j’appelais BUYOYA le Roi de la diversion. La diversion fait partie des tactiques militaires. Mais les militaires ne sont pas les seuls à la maîtriser. En décembre 1996, l’association des voleurs de Lagos (Nigeria) a écrit au Maire de la ville, pour le prévenir qu’il devait retirer les policiers la veille de Noël pour qu’ils puissent voler tranquillement car disaient-ils et je cite : « Nous avons aussi des familles, des femmes et des enfants, et nous devons fêter Noël comme tous les autres Chrétiens». Le Maire, qui soit dit en passant était un Colonel, est tombé dans le piège. Il a déployé la police du 23 au 26 décembre. Les voleurs ont attendu qu’il les retire et ils ont littéralement pillé la ville à la Saint Sylvestre.
Les militaires apprennent aussi la subversion, les civils non. Vous vous souviendrez qu’avant le renversement de BAGAZA on a renversé toutes les statues de la Sainte Vierge qui se trouvaient dans les carrefours. On a propagé partout que sous ces statues se trouvaient des roupies d’or qu’y auraient caché les Allemands avant de prendre fuite après la défaite de 1918. Les Allemands auraient été si bêtes qu’ils auraient mis des signalisations sur des caches d’or ! Il y eut des gens qui ne se posèrent pas de questions et qui passèrent des nuits à déterrer ces statues de la Vierge. Et savez-vous de quel bord étaient ceux qui ont conçu ce plan machiavélique? Certains parmi ceux qui pourfendaient l’anticléricalisme. Dans quel genre de pays chrétien sommes-nous ?
4. Et le Major Pierre BUYOYA prit le pouvoir
Quand le Colonel BAGAZA partit au Sommet de la Francophonie il avait des soupçons sur le Major BUYOYA. Qu’il pensa emmener dans ses valises pour qu’il le tienne à l’œil. Ce dernier lui faussa compagnie avec l’aide de ses sponsors, qui étaient également ceux de BAGAZA à l’époque. Ce dernier comprendra trop tard qu’ils l’avaient lâché.
BUYOYA avait commencé par endormir ses chefs. Évoquant l’époque où il était Commandant du 22 bn blindés à Gitega il dit : « J’étais tellement intégré dans la ville de Gitega que j’avais proposé un marché à mes supérieurs hiérarchiques : ils me laissaient demeurer tout le reste de ma carrière à Gitega et en contrepartie j’étais prêt à renoncer à toute promotion ». Je ne crois pas qu’il ait dit la vérité à ses supérieurs. A cette époque, tout Officier de Rutovu rêvait de devenir Président de la République, sûrement pas de rester toute sa vie dans le Kirimiro à Gitega.
Il n’avait manqué que l’aval des sponsors (qu’il obtint quand BAGAZA sortit pour le Sommet de la Francophonie). Il était le bâtisseur des camps d’armement lourd. Il venait de passer trois années aux Opérations. N’oublions pas que c’est pendant qu’il occupait ce poste stratégique qu’il a failli y avoir une guerre entre le Zaïre de l’époque et le Burundi. La guerre n’eut pas lieu paraît-il parce que le Général de MOBUTU chargé de commander les opérations a détourné l’argent des troupes qu’on appelle nerf de la guerre et en lingala moral ya soda.
Le coup d’Etat du 3 septembre 1987 fut une promenade de santé. Le CMSN, Comité Militaire pour le Salut National ( en kirundi Ingarukiragihugu que l’opinion a vite converti en Ingarukiramipfuko ) qui s’installa à la tête du pays était constitué de véritables réactionnaires. Et ce qui se ressemble s’assemble. Il s’adjoignit des dirigeants civils UPRONA de même obédience. C’est la pure vérité. La preuve est que ce tandem ne trouva rien d’autre à dire à part que la question ethnique n’était plus à l’ordre du jour.
Je précise. Ces nouveaux maîtres ne peuvent pas prétendre avoir manqué de temps. Qu’on se souvienne qu’il a fallu attendre plus d’une semaine avant qu’ils disent ce qu’ils venaient faire au pouvoir. Et le discours-programme a été rédigé par toute une Commission comprenant même des Professeurs d’Université. Dont les étudiants finalistes dirigés par ces Professeurs ont dû attendre la fin de la rédaction de ce document avant qu’ils lisent leurs mémoires (j’ai un témoin parmi eux). Cette nouvelle génération de l’UPRONA qui oublia l’existence de la question ethnique est aujourd’hui assise aux côtés du Major Président pour réconcilier les Barundi. On peut toujours rêver !
5. L’Eglise seulement quand on en a besoin : la tragédie de Ntega-Marangara
Le Vatican a applaudi l’arrivée du Major BUYOYA, l’homme qui a réouvert les églises, lors d’une grande « Croisade contre les Infidèles ». Depuis lors le Vatican croit utiliser BUYOYA alors que c’est exactement l’inverse. BUYOYA exploite la religion quand cela l’arrange. Ce n’est pas difficile à prouver par ailleurs.
Le CSM, nous disions, était une institution réactionnaire. Il suffirait déjà de le comparer au Conseil Suprême Révolutionnaire (CSR)qui porta BAGAZA au pouvoir en 1976. Ce dernier a tout au moins reconnu la misère de la population et supprimé notamment l’impôt capital appelé Contribution Personnelle Minimum, en disant que les Burundais étaient des Abashonji. Il a ensuite supprimé l’Ubugererwa, grâce à l’apport de cadres politiques très réformateurs.
A la fin du régime BAGAZA ces réformateurs avaient été écartés depuis longtemps par des réactionnaires. Repassez au peigne fin le premier Gouvernement BUYOYA. Il ne différait en rien du dernier Gouvernement BAGAZA en structure. Mais il en différait en intentions. Les Barundi allaient se rendre compte qu’on les ramenait à l’ère MICOMBERO sans le savoir. A part rouvrir les églises le régime du 3 septembre avait tous les défauts du régime précédent sans en avoir les qualités. Cela explique pourquoi les Burundais n’ont eu ni l’unité vantée ni les réalisations économiques et sociales du régime précédent. Il faut, un jour, avoir le courage de nommer les choses.
La suite devient très facile à expliquer. En mai 1988, le Clergé du Diocèse de Bururi lança un cri d’alarme sur les risques d’embrasement au constat que la question ethnique devenait de plus en plus préoccupante. Le message était sans complaisance et donnait même des propositions concrètes au Gouvernement BUYOYA. BUYOYA, qui venait d’être porté au pouvoir grâce notamment à la résistance des Eglises contre l’action de son prédécesseur ne les écouta plus. Le Clergé qui tirait sur la sonnette d’alarme était dirigé par Mgr BUDUDIRA qui connaît bien le problème ethnique pour avoir eu du mal à tirer ses séminaristes et autres élèves Hutu du secondaire de ce Diocèse des griffes de Samuel NDUWINGOMA. Alerté, BUYOYA ne mit absolument rien en chantier jusqu’à la crise d’août 1988. Des milliers de Burundais furent massacrés à Ntega et Marangara. BUYOYA et tout son CMSN auraient dû démissionner s’ils voulaient le bien du Burundi.
Voilà plutôt que subitement le Major BUYOYA, qui avait dit à son arrivée ne pas connaître de question ethnique et qui devant l’appel à un sursaut du Clergé de Bururi était resté sourd et muet, se réveillait subitement pour proclamer, le 6 octobre 1988 qu’il était l’homme providentiel pour réconcilier et pas de quelle manière « définitivement » les Burundais. Aujourd’hui tout le monde sait qu’il nous a roulés. Moi déjà à cette époque je n’en ai pas cru un mot. C’est d’ailleurs à cette époque qu’est né dans mon esprit l’idée d’écrire ce qui devint mon premier livre « Sortir de la violence au Burundi ».
Je comprenais qu’il ne disait pas tout cela sincèrement. Par manque d’information, je croyais que BUYOYA agissait par simple opportunisme. Je ne savais pas encore qu’il s’appropriait les pressions de la communauté internationale pour faire croire qu’il s’agissait de son initiative propre. Depuis lors je ne me suis plus jamais fait d’illusion sur ce que le Major BUYOYA réservait aux Burundais. Le Premier Ministre hutu que devint Adrien SIBOMANA, ce n’est pas lui qui l’a choisi mais il lui a été imposé. BUYOYA voulait y mettre quelqu’un d’autre qui se reconnaîtra. SIBOMANA fut choisi par la communauté internationale et il avait déjà évolué dans le Bureau de l’Assemblée Nationale du régime précédent. Bureau dans lequel il est entré presque par hasard.
Du fait que SIBOMANA ne devait rien à BUYOYA personnellement cela explique certaines choses. Notamment sa réaction de désaveu quand les jeunes Tutsi sont descendus dans la rue au lendemain de l’élection de NDADAYE pour dénoncer une élection ethnique. Ils se réclamèrent de l’UPRONA et le Premier Ministre SIBOMANA déclara que l’UPRONA les ignorait et ne les avait pas envoyés dans la rue. Il paraît qu’il aurait dû ne rien dire. Car après la descente des jeunes, ce fut aussi la promenade du Lt BIZURU. On sait aujourd’hui de qui BIZURU a toujours été le protégé.
Le Major BUYOYA mit en place, le 18 octobre 1988, un « Gouvernement de l’Unité ». Je n’ai jamais compris ce que cela voulait dire. Parce que le véritable pouvoir demeurait entre les mains du CMSN toujours réactionnaire. A tel point que 15 années plus tard, On retrouve dans le Top Ten des officiers devenus « propriétaires du pays » au moins quatre noms du CMSN que sont BUYOYA, BIKOMAGU, SIMBANDUKU et MAREGAREGE qu’y range Gratien RUKINDIKIZA et qu’aucune personne connaissant l’armée burundaise n’omettrait dans le classement. Je ne sais pas si, dans son allocution prononcée à Arusha en 1998, Isidore NYABOYA parlait de ces quatre lorsqu’il a dit les quatre membres du gang sans citer les noms.
Dans une telle arène où on chantait l’Unité sans le moindre débat franc sur la manière de mettre fin au conflit ethnique et aux pertes en vies humaines qui en résultent rien n’allait changer. On a composé un hymne à l’Unité. Je rappelle que nous avons un hymne national depuis le 1er juillet 1962 mais cela ne nous a pas empêchés qu’il y ait des fossoyeurs de cette Unité et des assassins de tous bords. On a construit à peu de frais (53 millions) un Monument de l’Unité Nationale. Je rappelle qu’il y a depuis 40 ans un Mausolée consacré à RWAGASORE que les gouvernants ne songent à entretenir qu’une fois par an.
Je ne sais pas par quel hasard je suis passé voir le Monument de l’Unité avant son inauguration. Il était déjà fissuré. J’ai commis l’erreur de dire en public que c’était un mauvais présage. Si on ne savait pas investir dans un Monument bien fait on savait au moins entretenir des indicateurs de la Sûreté. J’ai failli être embarqué. Quand la Charte de l’Unité a été présentée aux débats j’ai dit publiquement que les initiateurs ne savaient pas ce qu’est une Charte. Elle engage tous les contractants de manière directe et personnelle. Et que donc, s’il fallait la soumettre au vote par referendum il fallait que ce soit un texte de quelques lignes que tous les Burundais puissent connaître quasiment par cœur et être tenus de l’appliquer dans l’esprit et la lettre.
On m’a dit que j’étais de mauvaise foi. Et ce fut une ligne de plus dans mon dossier à la Sûreté. Plus tard Mathias HITIMANA devait déclarer qu’en réalité il y aurait eu fraude sur le résultat du vote de la Charte. A quoi a-t-elle servi ? Ce fut une escroquerie. Menée avec plus de franchise et de transparence la démarche aurait pu conduire à une éradication du problème ethnique. Présentement il a plutôt conduit à plus de scepticisme généralisé : le résultat qu’il fallait à tout prix éviter.
6. Démocratisation : l’eau de la source était empoisonnée
Il ne suffit pas de vérifier que l’eau que vous buvez vient d’uns source. Il faut encore vérifier soigneusement si la source n’a pas été empoisonnée comme on mine un chemin. Même sans cela une eau n’est jamais pure à 100% même au laboratoire. Quelle est la responsabilité du Major BUYOYA dans l’échec de la démocratisation ? BUYOYA n’est pas l’origine du problème burundais. Mais il ne peut nier avoir contribué à brouiller les pistes de solution.
Quand partout on parlait de Conférence Nationale BUYOYA déclarait qu’il peut y avoir démocratie dans un parti unique. Mais la pression occidentale est devenue trop forte. On menaçait de lui couper les vivres alors que des axes de la coopération étaient déjà coupés depuis la tragédie de Ntega et Marangara. Et comme dit en amont, BUYOYA suit le courant des vagues. Il inventa le moyen de calmer la communauté internationale sans tenir compte de l’avenir du pays. Et qu’est ce qu’il a fait précisément ?
Pour esquiver la Conférence Nationale, BUYOYA a « ELARGI » le Congrès de l’UPRONA tenu du 28 au 30 décembre 1990. Ensuite le maraîcher est devenu également épicier. Les membres du CMSN se sont engouffrés dans le nouveau Comité Central de l’UPRONA. Ainsi l’UPRONA était condamnée à gagner les élections dites pluralistes sinon le CMSN allait faire un nouveau coup d’Etat puisqu’il suivait le pouvoir comme son ombre. Les opposants n’ont pas pris la mesure de la gravité de cette anticipation.
C’est à cette époque que BUYOYA devint le spécialiste du double langage. Aux Occidentaux il disait qu’il fallait y aller doucement en concertant tous les Burundais. Les Burundais eux le virent précipiter le processus en court-circuitant la Conférence Nationale ou tout débat y ressemblant.
Une personnalité politique burundaise qui lira certainement cet article a rencontré feu Président François MITTERAND. L’intéressé a dit à MITTERAND : « BUYOYA ment à toute la communauté internationale. Il ne consulte personne dans le pays. Il nous mènera à la catastrophe ». F. MITTERAND lui aurait répondu ceci : « C’est vrai qu’il est têtu. N’oubliez pas que c’est un conducteur de char ».
BUYOYA projeta d’abord les élections pour mars 1993 avant de rajouter trois mois. Il se produisit, durant le lancement des partis, un précédent qui allait avoir des conséquences dramatiques. Les Tutsi qui adhérèrent au FRODEBU se heurtèrent à une campagne de diabolisation les traitant de vendus et de traîtres. Comme s’ils n’avaient pas déjà la méfiance de certains Hutu de ces partis à affronter. Le laboratoire de cette diabolisation se trouvait à l’UPRONA. Christian SENDEGEYA prit même le risquez d’écrire une lettre à BUYOYA le 8 décembre 1992 dans laquelle il le mettait en garde contre les conséquences de ces machinations diaboliques.
Quand la campagne électorale démarra le PRP de HITIMANA et le FRODEBU de NDADAYE tentèrent un rapprochement. HITIMANA a révélé publiquement que BUYOYA lui a envoyé trois hauts Officiers du sérail et trois super Ministres pour le mettre en garde d’abandonner cette collusion avec le FRODEBU. Si la campagne contre l’UPRONA avait été menée et remportée par une large coalition comme celle qui fut tentée, il n’y a aucun doute que le pays aurait été un peu plus stable après la victoire de NDADAYE.
7. Le putsch du 21 octobre 1993 : BUYOYA joue aux abonnés absents
Laissons de côté les épisodes. Le 21 octobre 1993, personne ne rapporte la moindre action entreprise par le Major BUYOYA pour arrêter le putsch. Paraît plutôt qu’il aurait fait un genre tout autre de contacts téléphoniques. Les hommes d’action du putsch venaient des deux camps militaires qui lui étaient acquis. Et il a gardé la même garde après qu’il ait quitté le pouvoir. Le Major BUYOYA a même gardé le palais situé sur les hauteurs de Kiriri. Il ne faut pas être spécialiste pour savoir qu’il était plus facile à protéger que le palais de NDADAYE situé en plein centre. Les blindés ne peuvent monter à Kiriri sans attirer l’attention. Mais ils peuvent en plein jour quitter Muha et passer à côté du palais du centre ville allant au camp Buretex pour entretien. Un simple ordre de changer de destination pouvait être converti en attaque-éclair du palais.
BUYOYA ne peut prétendre avoir été terrorisé par les putschistes. Moi, un pauvre civil, je ne l’ai pas été. Alors qu’ils m’avaient déjà fait faire un tour au 1er bn paras le 21 octobre j’ai animé le premier meeting du FRODEBU devant la Présidence pendant que ceux qui l’avaient convoqué demeuraient bien au chaud à l’Ambassade de France, craignant d’être tués. C’est moi qu’ils ont sacrifié. Ceux qui étaient là se souviennent toujours que j’ai dit ceci : « Ndabasavye mwigumye. Uwuhuye n’imbwa yasaze ntaca yihereza gusara nkayo ».(Dans –Sortir de la violence au Burundi- j’avais écrit que –le fait de voir un fou ne vous autorise pas à vous comporter comme lui). Un militaire a immédiatement armé sa Kalachnikov puisque j’en ai entendu le cliquetis. Ce n’était sûrement pas pour vérifier que son arme était en bon état. Parce que quand un fantassin engage une cartouche dans la chambre ce n’est jamais pour se mettre au garde-à-vous !
On a attendu en vain que le Président BUYOYA sorte de son silence(car un Président sortant selon la Constitution conservait les honneurs ce qui est normal). C’est aujourd’hui seulement que je comprends les véritables raisons de son mutisme. En Mathématiques on m’a appris à faire une démonstration par l’absurde. Supposons que BUYOYA a intervenu pour arrêter les putschistes. Puisqu’ils ont quand même tué le Président NDADAYE et causé le chaos ils ne lui ont pas obéi. S’ils ne lui ont pas obéi, BUYOYA de retour au pouvoir le 25 juillet 1996 ne pouvait leur faire confiance. Or aujourd’hui il en a fait les hommes les plus puissants du régime et du fameux Top Ten. Excusez-moi. J’ai oublié ce qu’il fallait démontrer !
8. Le 25 juillet 1996 : Retour du champion de l’unité
Pour justifier son nouveau putsch, le Major BUYOYA a fait courir partout que s’il n’avait pas pris le pouvoir le Burundi aurait droit à pire : BAGAZA. La presse internationale en a fait écho. Mais voici plutôt quelque chose de plus intéressant : ce que le Major Président déclara à la journaliste Colette BRAECKMAN du quotidien belge Le Soir dans son édition du 27 août 1996.
Question de C. BRAECKMAN : « Voici un an que vous affirmiez que vous ne songiez plus à revenir au pouvoir. Pourquoi avoir changé d’avis, et à l’occasion d’un putsch militaire ? »
Réponse de P. Buyoya : « Il s’agit d’un coup d’Etat pas comme les autres. Ce qui m’a décidé à intervenir, c’est la situation dramatique du pays, le danger de voir le Burundi exploser…la ville était pratiquement en état d’insurrection, tout le monde était prêt à égorger tout le monde ; il fallait arrêter cela »
Il y a trois jours je me suis dit qu’il fallait retrouver les propos que le Major Président aurait tenu pour justifier son retour au pouvoir et je suis tombé à la renverse en lisant cette interview. Aujourd’hui nous sommes exactement dans la situation qu’il décrivait il y a 7 ans. La ville est plus que jamais dans l’état qu’il décrit : « insurrection ; tout le monde prêt à égorger tout le monde ». Ce n’est pas moi qui le dit c’est son propre Gouvernement qui dit que BAGAZA a voulu l’assassiner lui et le Président de l’Assemblée Nationale et créer un bain de sang selon le Ministre de l’Intérieur NTIHABOSE, érigé en super détective.
Je laisse le soin au Major Président de faire lui-même le bilan de sa mission sur 7 années. Il l’avait appelée « Mission possible » dans son livre. Ou alors sa seule mission était de battre le record de séjour au pouvoir détenu par le Roi MWEZI GISABO ? Il pourra peut-être y arriver avec l’aide des dieux et du…FRODEBU. J’ai bien dit « des dieux » avec petit d.
Ah que les Barundi oublient vite ! Après que son Ministre Luc RUKINGAMA ait déclaré au même quotidien Le Soir que les atouts de BUYOYA étaient surtout la confiance de la population qui sait « ce qu’il a fait pour l’unité nationale »(Le Soir du 13 août 1996) le FRODEBU accusait le Major BUYOYA d’avoir procédé à une épuration ethnico-politique à la tête de l’Etat. Dans le document intitulé « Un apartheid qui ne dit pas son nom », sorti en août 1997, on lit en page 2 : « C’est encore plus d’exclusion et de discrimination qui sont installées depuis le putsch du 25 juillet 1996, celles qu’il convient d’appeler l’apartheid qui ne dit pas son nom ».
Au vu des statistiques sur l’appartenance ethnique des personnes nommées par le Major BUYOYA à son retour au pouvoir on voit très bien qu’il a voulu montrer au FRODEBU que c’était lui le vrai propriétaire du pays et qu’il n’avait rien à cirer de ce que ce parti appelait acquis de je ne sais quelles élections. Ce sont ceux-là mêmes qu’il a traités de moins que rien qui l’ont plébiscité quelques années plus tard. La dignité existe chez les Barundi mais ce n’est pas une qualité très répandue.
9. Les cessez-le-feu sans cesser le feu du Major BUYOYA
Le Major BUYOYA aura réussi l’émiettement de l’arène politique burundaise. Le diviser pour régner est quotidien chez le Major Président. A Arusha une équipe de nuit a effectué un hold up sur l’Accord de Paix. Rouler un adversaire dans la négociation d’un contrat commercial n’est pas grave. Personne n’y laisse la vie. Mais bricoler délibérément le sort d’une nation meurtrie par quatre décennies de tragédie ethnique a quelque chose d’inhumain. Je ne trouve pas de mots pour le décrire.
Introduisant la conférence de presse qu’il a tenu à Dar Es Salaam le 08 novembre 2002 Pierre NKURUNZIZA disait : « A la surprise de la Communauté Nationale et Internationale, le Major BUYOYA a signé cinq cessez-le-feu qui n’ont jamais été appliqués ou mis en application ». Pour dire vrai ce que le Major BUYOYA a déjà signé peut porter tous les noms sauf celui de cessez-le-feu. Car tels qu’ils sont ils ne pourront pas faire cesser le feu qui consume ce petit et pauvre pays depuis quatre décennies.
La raison est que BUYOYA s’arrange toujours soit de signer avec des parties qui ne représentent pas valablement l’interlocuteur adverse soit de signer sans que lui-même soit mandaté par toute la partie qu’il prétend représenter, soit plus grave encore il signe dans un contexte combinant les deux lacunes. Le secrétaire Général de l’ONU vient de faire comprendre qu’il a, lui aussi, compris le jeu auquel se livre le Major Président. Puisqu’il vient de rappeler, ce 25 novembre 2002, les deux conditions d’un vrai cessez-le-feu : la signature par tous les belligérants et l’insertion dans un accord politique global.
Le Major BUYOYA s’est retrouvé démasqué et a entrepris une démarche que personne d’autre que lui n’aurait imaginé. Il a appelé au secours les leaders des partis politiques du groupe G10, entendez par là pro-Tutsi, pour leur demander de le soutenir dans la bataille finale qu’il veut entreprendre pour achever la rébellion, militairement bien entendu. Il leur a dit textuellement qu’il veut maintenant « Faire sérieusement la guerre ». Que faisait-il avant ? Une récréation ? Drôle d’hommage aux Burundais qui ont déjà laissé la vie dans cette tragédie.
J’avais déjà dit que Pierre BUYOYA fait comme le tournesol ou alors la girouette. Et retenez l’adage qui dit que : « Ce n’est pas la girouette qui tourne mais le vent ». Hier le Major Président ignorait ces partis du G10 dans sa gestion de la transition. Ils n’étaient consultés que pour des détails. Les Conseils des Ministres sont des lieux où chacun exprime ses vœux. Et après le Grand Manitou se retire pour décider avec ceux qu’il considère comme Key Players. Quand il était au Gouvernement Mathias HITIMANA disait à BUYOYA qu’il faut qu’il cesse de se balader à Libreville, Pretoria, Dar Es Salaam et je ne sais où sans avoir préalablement consulté toutes les forces politiques de son bord et sans avoir préalablement identifié qui représente qui dans l’autre bord. Pour le remercier de ce sage conseil, BUYOYA a viré HITIMANA du Gouvernement.
Aujourd’hui le Secrétaire Général de l’ONU en personne lui dit exactement ce que lui disait HITIMANA. Va-t-il demander qu’on vire aussi Kofi ANNAN de l’ONU ? Avant d’aller voir ces partis qu’il avait mis en quarantaine qu’il reconnaisse qu’il est passé à côté de la plaque. Et qu’il rappelle HITIMANA au Gouvernement. En sortant de la rencontre les leaders du groupe G10 ont senti que BUYOYA les prenait pour des marionnettes. Ou alors il a oublié qu’en kirundi on dit : « Uragasaba uwo wimye wagira ngo waramuhaye ». Ca fait très mal de recevoir ce genre de retour de manivelle.
BUYOYA a très bien compris le message du Secrétaire Général de l’ONU. Et comme d’habitude il l’exécute à sa manière. Quand le Secrétaire Général de l’ONU lui demande d’associer les forces politiques et notamment le G10 dans ce processus de cessez-le-feu, il lui demande de les faire participer à toute la négociation de cessez-le-feu de bout en bout. BUYOYA lui comprend ou fait semblant de comprendre qu’il lui suggère de solliciter auprès d’eux juste un appui ponctuel et sans contrepartie pour lui permettre d’écraser militairement la rébellion. Après il pourra de nouveau les ranger dans un tiroir et les y oublier.
Personnellement je dirai à Pierre, NKURUNZIZA comme BUYOYA et aussi à RWASA que personne n’a jamais gagné une guerre civile. Et dans un petit pays comme le Burundi le drame est indescriptible. Les haines se personnalisent de plus en plus. Et comme tout le monde connaît tout le monde dans cette vaste bananeraie, chaque jour qu’on évite de régler le conflit donne le spectacle d’une rivière en crue. Elle devient si large que celui qui se trouve à l’autre rive ne peut plus vous entendre alors que vous criez de plus en plus fort.
10. BUYOYA ami des Tutsi ?
Cela me paraît peu probable. Mais comme je ne suis pas Tutsi je ne peux pas valablement répondre à la question. Je vais me contenter de relever des faits. Et comme aimait nous le répéter un vieux Père Jésuite du nom de COLLIN : « A partir de faits certains la conclusion se tire d’elle-même ».
En 1988, après la tragédie de NTEGA et MARANGARA, le Major BUYOYA a refusé la venue d’une Commission Internationale d’Enquête chargée de dire exactement ce qui s’est passé. Notamment ce qui a poussé des paysans hutu à massacrer des voisins tutsi et comment l’armée a tiré dans le tas. Une commission interne a été promise et les Burundais n’ont jamais su qui a tué qui et pourquoi.
Mais plus tard le Major BUYOYA a fait voter la Charte de l’Unité sanctionnant un pardon collectif. Et voilà donc que des personnes portant encore les traces des sévices leur infligés par leurs voisins ou par des militaires doivent se faire pardonner de la même manière que leurs bourreaux.
Le 21 octobre 1993 je tiens de sources bien informées que BAGAZA, aujourd’hui déclaré ennemi public numéro 1 par le Major BUYOYA, a téléphoné à certaines personnes pour leur dire qu’il ne fallait pas assassiner NDADAYE que les conséquences seraient dramatiques pour le pays. Est-ce que BUYOYA a fait de même ou mieux ? Léonce NDARUBAGIYE écrivait déjà en 1995 que BUYOYA aurait plutôt téléphoné à des personnalités étrangères pour dire que c’est BAGAZA qui serait l’instigateur du putsch. Les communications de cette nuit tragique ont été enregistrées et un certain Colonel a mis la main dessus mais un peu trop tard pour lui et ses amis. Le contenu était déjà connu. Le Lieutenant-Colonel Dieudonné NZEYIMANA y a laissé la vie.
Depuis le 21 octobre 1993 il y a des Tutsi qui vivent dans des camps de déplacés. Combien de fois est-ce que le Major Président se préoccupe de leur sort et qu’a-t-il déjà fait pour mettre fin à cette situation dramatique ? Et maintenant que le Major BUYOYA veut en finir militairement avec la lutte armée. Est-ce pour le bien des Tutsi que de vouloir étouffer les revendications, du moins celles légitimes, de la partie de la population qui soutient cette opposition armée ? Au lieu de mettre fin aux haines par des négociations franches et génératrices d’espoir pour tous le Major BUYOYA veut arraisonner le processus. Ce n’est pas un bon service qu’il rend ainsi aux générations futures tutsi ou hutu. Elles continueront à vivre dans l’angoisse que leurs pères vivent quotidiennement aujourd’hui.
11. BUYOYA ami des Hutu ?
J’entends souvent certains Tutsi dire que BUYOYA est le grand ami des Hutu, qu’il les a mis au pouvoir. C’est une plaisanterie de mauvais goût. Nous avons vu que BUYOYA a nommé un Premier Ministre hutu parce que la communauté internationale l’y a contraint. Sinon il ne l’aurait jamais fait. Et quand il les choisit à sa seule convenance il ne prend que ceux qui ne lui feront pas ombrage. A Arusha j’avais dit que quand BUYOYA se choisit des crétins à mettre au Gouvernement pour faire croire qu’il associe les Hutu c’est de la provocation et du mépris. Celui qui les voit à l’œuvre finit par croire que tous les Hutu sont ainsi faits. A Arusha certains Hutu m’en ont voulu. On comprend bien lesquels.
Le 21 octobre le Major BUYOYA n’a pas levé le petit doigt pour stopper les putschistes. Or les gros bras du putsch étaient ses anciens collaborateurs. Il les a, par ailleurs, repêchés un à un et placés à ses côtés à son retour le 25 juillet 1996. Il a fait du Colonel BIKOMAGU un Sénateur, un Vénérable. Alors que ce dernier est la personne qui a livré à ses bourreaux un Président sans défense.
Mais il a aussi mis dans des camps de regroupement forcé des centaines de milliers de Hutu, ses amis présumés. C’est peut-être par amour pour eux qu’il leur a interdit de cultiver leurs champs certainement pour leur éviter la fatigue. Il les a tirés hors de leurs modestes habitations peut-être pour qu’ils puissent mieux admirer les étoiles la nuit. A Arusha l’un de ses fidèles serviteurs, Libère BARARUNYERETSE a dit que le Gouvernement BUYOYA avait mis ces paysans dans ces camps pour les protéger. Et Léonce NDARUBAGIYE lui a demandé pourquoi lui ne vivait pas dans un de ces camps pour être protégé ? Si ce sont là les seuls amis que les Hutu ont pu trouver le bout du tunnel n’est pas encore à l’horizon.
Hier soir encore un jeune Tutsi m’a affirmé que BUYOYA était le grand protecteur des Hutu. BUYOYA est peut-être l’ami des chefs des Hutu. Quand il leur fait croire qu’il est le seul à pouvoir les protéger des « extrémistes tutsi » comme BAGAZA. Mais que ces protégés d’un genre très spécial se souviennent que quand BAGAZA a signé un accord avec MINANI à Kampala pour essayer de débloquer les négociations leur maître et ses amis ont tenu à soulever l’opinion tutsi contre cette trahison selon laquelle BAGAZA aurait tout cédé au FRODEBU et autres « extrémistes hutu ». Souvenez-vous du communiqué de l’UPRONA de mars 2000 dont j’ai parlé dans un article antérieur.
Mais plus récemment encore quand le Secrétaire Général de l’ONU a demandé que toutes les forces politiques soient associées à la négociation du cessez-le-feu, le Major BUYOYA n’est pas allé consulter les Hutu du G7. Il est parti demander le soutien des partis du G10. Tout cela sent la manipulation. Amener ceux qui étaient en train d’élaborer une plate-forme inter-ethnique à se méfier les uns des autres et à se disperser. La paix et la réconciliation pourront attendre pourvu que BUYOYA conserve son pouvoir. Et que quand il partira il le laissera à des amis qui lui feront des courbettes avec des Salam Alek au lieu de s’occuper des misères du peuple burundais tout entier.
12. BUYOYA ami des hélicos ? Tous ces officiers disparus.
BUYOYA est peut-être plus l’ami des hélicoptères que des Hutu et des Tutsi. Quatre accidents d’hélicoptères ont frappé quatre de ses officiers supérieurs dont certains convoitaient sa place. Le premier est celui qui disparut dans le Lac Tanganyika avec à son bord le Chef d’Etat-Major, le Colonel Edmond Ndakazi. Est-ce l’œuvre du dieu Tonnerre ? C’est vrai qu’il y avait un orage ce jour-là. Mais pourquoi a-t-on fait taire les témoins qui parlaient des dernières conversations notamment avec la tour de contrôle et fait disparaître les documents de l’enquête si toutes les pistes ne menaient que vers le dieu Tonnerre? Autre question à deux sous : a-t-on repêché l’hélicoptère et dans quel état était-il ?
Le deuxième hélicoptère est tombé dans les arbres de la Kibira avec à son bord le Ministre de la Défense MAREGAREGE. Un hélicoptère transportant un super Ministre a-t-il été victime d’une panne de carburant ? Et aujourd’hui comme à l’époque il est classé dans le top Ten des Seniors de cette armée. Quel hasard ! Plus tard c’est un autre hélicoptère qui s’abattait avec à son bord un autre Ministre de la Défense le Lt Colonel SINZOYIHEBA alias Kagajo. On évoqua la colère des dieux de la foudre. Quelqu’un qui a retenu ses leçons de physique leur rappela qu’un hélicoptère en vol est une cage de FARADAY et que la foudre ne peut pas aller chercher celui qui est assis à l’intérieur. On n’a pas cherché ailleurs. Et plus récemment un autre Colonel périssait dans un quatrième accident d’hélicoptère du côté de KARUZI. On a failli dire que ce sont les rebelles qui l’auraient abattu. Ils se seraient sûrement empressés de confirmer. Paraîtrait que l’hélicoptère a perdu le Nord. Qui a volé la boussole à l’équipage ?
Que s’est-il passé avec les hélicoptères de BUYOYA ? A l’époque de MICOMBERO où ils étaient à la fois vétustes et pilotés par d’anciens bergers et même des soûlards, ces hélicoptères ne tombaient jamais. Voilà maintenant qu’ils sont pilotés par des officiers très formés qu’ils tombent comme des mouches. Si c’est le seul effet du hasard alors il faut reconnaître, comme disait un professeur de statistiques que le hasard est souvent malicieux. Et quand le hasard devient trop malicieux il n’est plus hasard du tout.
Les pannes techniques d’hélicos et même la foudre ne sont pas les seuls alliés de BUYOYA. Même la maladie paralyse les serviteurs qui perdent leur zèle. Le Général Cyrille NDAYIRUKIYE est tombé gravement malade au moment précis où lui et son chef n’arrivaient plus à accorder leurs violons. Exactement au moment où le Major Président avait besoin de nommer un nouveau Ministre de la Défense pour relancer la guerre. Même s’il paraît que le nouveau Ministre de la Défense fréquente très longuement le Mess des Officiers. Où il n’y a pas encore pénurie de bière fraîche.
C’est impressionnant ou plutôt terrifiant le nombre d’officiers burundais morts mystérieusement sous le seul régime du Major BUYOYA. Sans qu’ils aient été emportés par la guerre. Dans un article paru sur le site burundi.news.free.fr Gratien RUKINDIKIZA décrit certaines disparitions mystérieuses. Elles vont de cet officier abattu à Mpimba lors d’une évasion montée par ses geôliers à ce Colonel qui voulait trop parler devant la Cour jugeant les putschistes (SIBOMANA) en passant par ce Capitaine qui a fait état de trop de zèle de vouloir déloger des rebelles quand on ne le lui a pas demandé (SINDUHIJE) et ce Colonel abattu sur un terrain de football parce qu’il a enregistré les communications de la nuit du putsch (NZEYIMANA).
Il y eut aussi le Colonel NTAKO qui mourut en prison et qui, quelques jours avant sa mort, écrivit le 10 mai 1997 que BUYOYA était l’auteur de sa disparition. J’oubliais aussi cet officier qui est mort parce que le camion qui le transportait au front a sauté sur une mine. Après cet accident on a retrouvé le camion intact. Je suis tenté de croire que la magie noire existe. La magie noire a emporté plus d’officiers burundais que la guerre. Tout cela s’est passé sous le régime du seul Major Président.
13. BUYOYA et ses amitiés. Où nous laissera-t-il quand il quittera le navire ?
Le Major Président n’a pas reçu de cadeau dans sa jeunesse. Il n’en donne pas non plus. Souvenez-vous qu’il nous dit lui-même avoir dû forcer les portes pour être inscrit à l’école. Ses seuls amis sont ceux qui sont plus convaincus que lui de ce qu’il dit et qui osent dire ce que lui aimerait dire mais qu’il n’ose pas dire. Et je n’ai pas l’habitude d’affirmer ce que je ne peux pas prouver.
Quand il est revenu au pouvoir le 25 juillet 1996, il a pris comme Premier Ministre Pascal Firmin NDIMIRA. A la journaliste Colette BRAECKMAN du quotidien belge il a déclaré, le 16 août 1996 à propos de l’embargo : « Nous comptons sur la population, qui, au niveau de la capitale et des centres urbains accepte la situation avec beaucoup de sérénité. Les gens nous ont même poussés à prendre déjà des mesures de rationnement et bientôt, nous allons pratiquer la journée continue. Au niveau de la population rurale également, nous avons des échos selon lesquels la population est derrière nous, ce qui nous remonte le moral ».
C’est pour le moins osé. Ainsi le public a demandé qu’on le rationne et qu’il soit privé de sucre voir même de sel, qu’il aille au travail à pied, qu’il ne mange pas à midi et que sais-je encore. Je ne savais pas que le Murundi était aussi masochiste et adepte du hara-kiri. Et plus loin dans l’interview le Premier Ministre NDIMIRA dit que c’est uniquement par patriotisme qu’il a accepté le poste. Il dit : « J’ai fait de nombreux sacrifices sur le plan professionnel, que j’ai laissé tomber la carrière que je menais (ndlr : au service de la Banque Mondiale) ». Et BUYOYA dit exactement la même chose (patriotisme) à la même journaliste Colette BRAECKMAN dans l’interview déjà citée en amont, parlant de son retour au pouvoir : « Mon projet n’était cependant pas de revenir au pouvoir : je venais de commencer un programme d’études, de recherches dans une université américaine, en mai et juin, je voulais écrire un livre… »
BUYOYA est donc l’étudiant qui abandonne ses études pour voler au secours de la patrie. Tout le monde sait que ce n’est pas vrai. Frédéric BAMVUGINYUMVIRA, le Vice-Président que le Major BUYOYA aimait beaucoup s’érigea contre le suffrage universel, pendant un dîner qu’on lui offrait lors de sa tournée dans les pays nordiques. Il dut retirer ses propos après la protestation de ses hôtes. Et BAMVUGINYUMVIRA est du FRODEBU.
Dans un bus qui emmenait de hautes personnalités politiques de Arusha vers Nairobi, un haut cadre du FRODEBU( du moins aujourd’hui parce qu’il appartient à tout parti au pouvoir) déclara que ce sont les élections qui ont apporté les problèmes au Burundi. C’est Sylvestre NTIBANTUNGANYA qui dut lui rétorquer que les problèmes proviennent de ceux qui vont à ces élections sans y croire. Celui qui tenait ces propos est actuellement un super Ministre du Gouvernement du Major Président. C’est quelqu’un qui mange à tous les râteliers pourvu qu’ils soient garnis. A Arusha BAGAZA nous a cité un proverbe qui dit : « Uwukurusha ibitobezo agutwara imbwa ».
Ceux qui criaient hier Démocratie avec grand D à Arusha ont aujourd’hui perdu la parole. Alors que non seulement la population n’a pas voix au chapitre mais même les leaders politiques sont muselés voir embastillés pour des peccadilles. Ils font maintenant partie du pouvoir qui gère La Bastille burundaise. Dernièrement ce sont eux qui ont traité les FDD de terroristes avant que le Major Président ne s’empare du vocable. Si quelqu’un le lui reproche il pourra répliquer que d’autres l’ont dit avant lui.
Je demandais à quelqu’un des informations sur les relations privilégiées entre le Major Président et un grand Évêque burundais. L’Évêque serait le parrain de l’un des enfants du Major Président. Ceci explique cela. Les mœurs ont changé. Dans le temps un prêtre ne pouvait pas être parrain de baptême. Cet Évêque n’est pas de ceux qui ont déploré l’éviction de Sylvestre NITBANTUNGANYA. Qui lui n’est qu’un simple Chrétien anonyme.
J’ai parlé des amitiés mais il y a aussi des inimitiés. Les anciens dignitaires du régime BAGAZA n’ont jamais eu les grâces du Major Président. J’ai dit en haut qu’il verrouille l’échiquier politique pour localiser les intrus. Une dame a réussi à tromper sa vigilance. Elle est aujourd’hui parlementaire. Pour ne pas être débusquée par le Major Président elle a utilisé son nom de jeune fille au lieu de celui de son mari qu’elle portait quand elle était très connue. Les trieurs n’y ont vu que du feu. Et quand ses proches ont dit au Major Président que Madame EK était au Parlement il aurait dit que ce n’est pas possible. Tout simplement elle n’y est pas entrée avec ses noms connus par « l’ordinateur de tri ». Si vous ne la reconnaissez pas elle au moins se reconnaîtra. Avec le Major Président tout le monde est obligé de jouer quotidiennement au chat et à la souris.
Les meilleurs amis du Major Président sont ceux qui savent manier deux langages simultanément et sans états d’âme. Le weekend passé le Major Président déclarait aux partis politiques du G10 qu’il allait taper sérieusement et définitivement sur la rébellion. En s’envolant vers Dar Es Salaam ce mercredi il déclarait à la presse qu’il partait négocier sérieusement. Que croire ? BUYOYA ne partira pas avant de nous avoir tous transformés en menteurs. Cela me paraît être une « Mission Possible » et déjà partiellement achevée.

Par : Honorable Jean-Marie SINDAYIGAYA (28 novembre 2002)