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Relation Afrique-France : l’obstacle de la politique des visas
(Afrique INSIDE 23/07/14)

Depuis plusieurs mois la France a décidé de se rapprocher de l’Afrique dans sa globalité, avec un objectif complètement assumé, Signer un maximum de partenariats économiques et profiter de la croissance élevée du continent. C’est sous le terme de partenariat gagnant-gagnant que l’Élysée a mis en place une nouvelle approche concernant les États qui pour beaucoup son d’anciennes colonies. Il faut dire que la France ne cesse de perdre des parts de marché sur le continent et qu’il est de plus en plus compliqué pour Paris de conserver ses avantages. Définir un partenariat gagnant-gagnant, c’est donc qui est avancé depuis plusieurs mois. Un meilleur échange de savoir-faire, une augmentation des partenariats économiques, une collaboration accrue. Mais dans les faits, sur le terrain, les choses sont loin d’être aussi simples que sur le papier.

Pour qu’un partenariat soit gagnant-gagnant, il faut partir sur les mêmes bases, notamment en terme de mobilité. C’est le principal obstacle qui se pose. Les français qui souhaitent se rendre en Afrique qu’il s’agisse d’un déplacement touristique ou professionnel, n’ont le plus souvent, pas de difficultés à obtenir un visa. Si les délais d’attente sont parfois longs, il est rare qu’un refus soit signifié, il est en tous les cas la plupart du temps, justifié par de bonnes raisons.

Avoir un visa pour la France est un parcours du combattant

Lorsqu’un Africain souhaite en revanche, se rendre en France pour les mêmes raisons, c’est le parcours du combattant. Accueil souvent glacial dans les consulats, conditions d’obtention de visa de plus en plus difficiles, refus régulier pour des motifs parfois inexistants ou obscurs. Ces difficultés sont très souvent rencontrées par les étudiants désireux de venir poursuivre leur cursus dans l’hexagone. Des études qui permettent de peaufiner leur formation.

Si le président français, François Hollande, a annoncé une augmentation de 13% du nombre de visas pour les étudiants, depuis son accession au pouvoir en 2012, les difficultés restent nombreuses. A titre d’exemple, pour un étudiant algérien désireux d’aller poursuivre ses études à Paris, la liste des justificatifs et les conditions requises sont tellement nombreuses qu’elles découragent vite les plus téméraires. Un formulaire, 60 euros de frais de dossiers, assurance, état civil, certificat de scolarité et justificatifs de ressources très importantes des parents. A cela s’ajoutent la maîtrise du français, la nécessité d’avoir atteint un niveau déjà très élevé dans un établissement d’enseignement supérieur et un projet « académique » convaincant. Pour d’autres pays, la liste est encore plus longue et les difficultés plus importantes. L’obtention du VISAdevient alors impossible. Qu’il s’agisse de simples vacances ou d’un déplacement d’affaire, se rendre à Paris n’est pas plus simple.

Justifiant sa politique des visas par le souci de maîtriser l’immigration, la France se coupe ainsi d’une précieuse richesse. C’est aussi un frein à la mise en place du partenariat gagnant-gagnant que François Hollande appelle de ses vœux.

Lotfi Lounes