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Le porte-parole de la cour suprême avait mis en garde et les forces de l’ordre étaient prêtes à intervenir et à procéder aux arrestations. Par peur, les professionnels des médias et les responsables des associations de la société civile ne se sont pas rendus devant le parquet général de Bujumbura comme ils le faisaient du temps où Bob Rugurika était en prison. Pour sauver la face, un petit groupe s’est retrouvé au siège de l’APRODH pour lire une déclaration. Une tempête dans un verre d’eau.
Ce qui est certain, devant ces politiciens et opposants farouches au régime en place, il faut un langage de fermeté. L’autorité doit se faire respecter et souligner qu’il en va de l’intérêt général. Quand la justice dit faire son travail, on doit patienter et non espérer par des manifestations imposer la loi de la rue. C’est favoriser l’anarchie.
Mais alors, quelles leçons tirer? Dans cette période électorale, le régime doit éviter d’ouvrir des fronts inutiles. Il y a ces soulèvements de la population à Makamba à cause des décisions de la CNTB. Pourquoi maintenant? Il y a eu cet étudiant arrêté et jeté au cachot sans motif valable? A qui profite cette bavure? Il y a ce terrain de l’ancien marché de Bujumbura qu’on veut céder à des investisseurs sans traces et dans la précipitation. Est-ce opportun? Pourquoi nourrir des tensions? Qui des frondes internes aux partis politiques?
La société civile recule mais j’écris depuis Gitega et je vous assure que je discute avec des paysans et des personnes plus ou moins éveillées. Ces tensions qui deviennent des nouvelles sensationnelles pour la RPA créent la peur dans les esprits. Et l’envie du changement grossit inexorablement. Plutôt que d’écouter la RPA comme une radio tendancieuse, les paysans croient avoir affaire à une chambre d’accusation. Les démentis tardifs produisent alors le même effet qu’un pet dans un grand brouhaha.